Fort Charles - Le livres des damnés


Auteur : Fort Charles Hoy
Ouvrage : Le livres des damnés
Année : 1919

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PRÉAMBULE L'ETAT INTERMEDIAIRE. IL N'Y A PAS DE DIFFERENCES POSITIVES. IL N'Y A RIEN A PROUVER. NEWTON ET LES DEMONS. LA QUASI-EXISTENCE. Une procession de damnés. Par les damnés, j'entends bien les exclus. Nous tiendrons une procession de toutes les données que la Science a jugé bon d'exclure. Des bataillons de maudits, menés par les données blafardes que j'artrai exhumées, se mettront en marche. Les uns livides et les autres de flamme, et quelques-uns pourris. Certains sont des cadavres, momies ou squelettes grinçants et trébuchants, animés par tous ceux qui furent damnés vivants. Des géants déambuleront dans leur sommeil, des chiffons et d,es théorèmes marcheront comme Euclide en côtoyant l'esprit de l'anarchie. Çà et là glisseront de petites catins. Certains sont clowns. D'autres très respectables. Quelques-uns assassins. Pâles puanteurs et superstitions déchaînées, ombres et malices, caprices et amabilités. Le naif, le pédant, le bizarre, le grotesque et le sincère, l'hypocrite, le profond et le puéril confronteront le coup de poignard, le rire et les mains très patiemment jointes de la bienséance. L'apparence collective se situera entre la dignité et la débauche, la voix de la troupe empruntera les accents de la litanie défiante, mais l'espril de l'ensemble sera processionnel. Le pouvoir qui a décrété de toutes ces choses qu'elles seraient damnées, c'est la Science Dogmatique. Néanmoins, elles marcheront. Les petites putains gambaderonl, nabots et bossus distrairont l'attention, et les clowns briseront de leurs bouffonneries le rythme de l'ensemble. Pourtant, le défilé aura l'impressionnante solidité des choses qui passenl, el passent, et ne cessent pas de passer. Par les damnés, j'entends donc les exclus. Mais par les exclus j'entends aussi tous ceux qui, un jour, excluront à leur tour. Car l'état communément et absurdement nommé existence est un rythme d'enfers et de paradis. Car les damnés ne le resteront pas, car le salut précède la perdition, car nos maudits déguenillés seront un jour des anges mielleux qui, bien plus tard encore, repartiront à l'endroit même d'où ils étaient venus. Je tiens que rien ne peut tenter d'être, sans essayer d'exclure quelque chose, et que ce que l'on nomme communément « être. est une différentielle entre ce qui est inclus et ce qui est exclu. J'estime aussi qu'il n'y a pas de différences positives - que toutes choses sont comme l'insecte et la souris au coeur de leur fromage. Insecte et souris - rien de plus dissemblable que ces deux êtres. Ils y demeurent une semaine ou ils y restent un mois, ensuite de quoi ils ne sont plus que des transmutations de fromage. Je crois que nous sommes tous des insectes et des souris et seulement différentes expression d'un grand fromage universel. Ou encore que le rouge n'est pas positiv,ement différent du jaune, mais un autre degré de cette vibration dont le jaune luimême est un degré - que le rouge et le jaune sont contigus ou se fondent en orange. En sorte que si la Science, sur la base de la rougeur ou de la jauneté, devait class,er les phénomènes en incluant toutes les choses rouges pour véritables et en excluant toutes les jaunes pour illusoires, la démarcation serait fausse et arbitraire, car les objets oranges, constituant une continuité, appartiendraient aux deux côtés de frontière proposée. Or il apparaitra qu'on n'a jamais conçu base plus raisonnable de classification, d'inclusion ou d'exclusion, que le rouge et le jaune. La Science, en faisant appel à différentes bases, a inclu ou exclu des multitudes de données. Donc si la rougeur et l'élément jaune, si toute base d'admission et toute base d'exclusion sont contiguës, la Science a bien dù inclure des faits prolongeant ceux-là même qu'elle acceptait. Dans le rouge et le jaune, qui se fondent en orange, je voudrais typifier tous les tests, tous les standards, tous les moyens de se former une opinion. Toute opinion possible sur un sujet quelconque est une illusion basée sur ce sophisme des différences positives. La quête de tout entendement a pour objet un fait, une base, une génération, une loi, une formule, une prémisse majeure positive mais on n'a jamais rien fait de mieux que de dégager des évidences. Telle est la quête: elle fut sans résultat. Et pourtant, la Science a agi, régné, ordonné, condamné comme si cette quête avait eu un résultat. S'il n'y a pas de différences positives, il n'est pas possible de définir quoi que ce soit comme positivement différent d'autre chose. Qu'est-ce qu'une maison? Une grange est une maison, à condition d'y vivre. Mais si la résidence constitue davantage l'essence d'une maison que le style d'architecture, alors un nid d'oiseau est une maison. L'occupation humaine ne constitue pas le standard de jugement, puisque les chiens ont leur maison, ni la matière, puisque les Esquimaux ont des maisons de neige. Et deux chos,es aussi positivement différentes que la Maison Blanche de Washington et la coquille d'un crabe ermite se révèlent contiguës. Personne n'a jamais pu définir l'électricité, car elle n'est rien. si on la distingue positivement de la chaleur ou du magnétisme. Les métaphysiciens, les théologiens et les biologistes ont essayé de définir la vie. Ils ont échoué parce qu'au sens positif il n'y a rien à définir - il n'est pas un seul phénomène de vie qui ne se manifeste, à quelque degré que ce soit, dans la chimie, le magnétisme ou les déplacements astronomiques. Des îles de corail blanc, sur une mer bleu sombre. Leur apparence de distinction, leur apparence d'individualité ou la différence positive qui les sépare, ne sont que les projections du même fond océanique. La différence entre terre et mer n'est pas positive. Dans toute eau il y a peu de terre, dans toute terre il y a de l'eau. En sorte que toutes les apparences sont fallacieus,es, puisqu'elles font partie d'un même spectre. Un pied de table n'a rien de positif, il n'est qu'une projection de quelque chose. Et aucun de nous n'est une personne, puisque physiquement nous sommes contigus de ce qui nous entoure, puisque psychiquement il ne nous parvient rien d'autre que l'expression de nos rapports avec tout ce qui nous entoure. Ma position est la suivante: toutes les choses qui semblent posséder une identité individuelle ne sont que des îles, projections d'un continent sous-marin et n'ont pas de contours réels. Mais bien qu'elles ne soient que des projections, elles tendent à se libérer de cette attraction qui leur dénie leur propre identité. Tout ce qui tente de s'établir pour réel ou positif, système absolu, gouvernement, organisation, soi, âme, individualité, ne peut y parvenir qu'en s'entourant d'une frontière, en damnant et en excluant en fuyant toutes les autres «choses ». Faute de quoi, il ne peut jouir d'une apparence d'existence. Mais, s'il agit ainsi, il agira faussement, arbitrairement, futilement et désastreusement, comme quiconque voudrait tracer un cercle sur la mer, en incluant certaines vagues et en déclarant positivement différente toutes les autres vagues, contiguës des premières, ou en misant sa vie sur la différence positive des faits admis et des faits condamnés. La sdence moderne a faussement exclu, faute de standards positifs. Elle a exclu des phénomènes qui, selon ses pseudostandards, avaient autant de droits à l'existence que les élus. Je tiens que l'état communément et absolument nommé « existence» est un courant, une onde ou un passage de la négativité à la positivité et l'intermédiaire entre les deux. Par positivité, j'entends harmonie, équilibre, ordre, régularité, stabilité, consistance, unité, réalité, système, gouvernement, individualité, vérité, beauté, justice, perfection et exactitude. Tout ce que l'on nomme progrès. développement ou évolution est un mouvement ou une tentative d'approcher cet état pour lequel, ou pour les aspects duquel, il y a tant de noms, tous résumés en ce seul mot de positïvité. De prime abord, il peut sembler que cette somme soit inacceptable, que tous ces mots ne soient pas synonymes, qu' «harmonie » puisse signifier «ordre », mais qu’ «indépendance» ne signifie pas «vérité» ou que «stabilité» ne soit ni «beauté », ni «système », ni «justice ». Pourtant nous parlons du «système» des planètes et non de leur «gouvernement », mais en considérant, par exemple, un grand magasin et sa direction, nous nous apercevrons que les mots sont interchangeables. Il était d'usage de parler d'équilibre chimique, mais non de l'équilibre social: cette fausse démarcation a été franchie. Tous ces mots, nous allons le voir, définissent le même état. En termes d'illusions communes ou de facilités quotidiennes, ils ne sont pas synonymes. Mais un ver de terre, pour un enfant, n'est pas un animal. Il l'est pour un biologiste. Par beauté, je désignerai ce qui semble complet. L'incomplet ou le mutilé est totalement laid. La Vénus de Milo. Un enfant la trouverait laide. Si un esprit pur l'imagine complète, elle deviendra bene. Une main conçue en tant que main peut sembler belle. Abandonnée sur un champ de bataille, elle ne l'est plus. Mais tout ce qui nous entoure est une partie de quelque chose, elle-même partie d'une autre: en ce monde il n'est rien de beau, seules les apparences sont intermédiaires entre la beauté et la laideur. Seule est complète l'universalité, seul est beau le complet: et tendre vers la beauté, c'est vouloir donner au local l'attribut de l'universel. Par stabilité, je désignerai l'indéplaçable, l'inaltérable, le sincère. Mais toutes les apparences ne sont que réaction à autre chose. La stabilité ne peut, elle aussi, qu'être universelle. Certaines choses semblent avoir, ou ont, une plus grande approximation de stabilité que les autres, mais en ce monde, il n'y a que divers degrés d'intermédiarité entre la stabilité et l'instabilité. Tout homme, donc, qui travaille pour la stabilité sous ses divers noms de «permanence », de «survivance » ou de « durée », tend à localiser en quelque chose un état irréalisable en dehors de l'universel. Par indépendance, individualité, je désignerai ce auprès de quoi il n'existe rien d'autre. N'y aurait-il que deux choses, elles seraient contiguës et s'affectant l'une de l'autre, toutes deux détruiraient leur indépendance, leur individualité respective. Toutes ces tentatives d'organisation, de systèmes et de logiques restent intermédiaires entre l'Ordre et le Désordre: elles échouent à cause de leurs rapports avec les forces extérieures. Toutes tentent d'achever le complet. Si tous les phénomènes locaux subissent des forces extérieures, ces tentatives ne se réaliseront que dans le complet, car seul, le complet ne subit pas de forces extérieures. Et tous ces mots sont synonymes. ils désignent l'état que je nomme positif. Toute notre existence tend à l'état positif. Stupéfiant paradoxe: toutes les choses tentent de devenir universelles en en excluant d'autres. La Vérité est un autre nom de l'état positif. Les savants qui croyaient chercher la Vérité ne cherchaient que des vérités astronomiques, chimiques ou biologiques. Mais la Vérité est ce auprès de quoi il n'existe rien d'autre. Par Vérité, je désigne l'Universel. Les chimistes ont cherché le vrai, ou le réel et ont toujours échoué à cause des relations extérieures à la chimie : jamais une loi chimique sans exceptions n'a été découverte, parce que la chimie est contiguë de l'astronomie, de la physique et de la biologie. Si le soleil ehangeait de position par rapport à la terre et que l'humanité puisse y survivre, nos formules chimiques ne signifieraient plus quoi que ce soit: ce serait la naissance d'une chimie nouvelle. Chercher la vérité dans le spécial, c'est chercher l'universel dans le local. Et les artistes recherchent l'Harmonie, pendant que leurs pigments s'oxydent, ou que les cordes de leurs instruments s'ajustent inopinément aux forces chimiques, thermales et gravitationnelles. En ce monde, il n'y a que l'intermédiarité entre l'harmonie et la discordance. Et les nations qui ont combattu dans le seul dessein d'acquérir leur entité, leur individualité, pour être des nations réelles et finales, au lieu d'être soumises à quelque autre nation, n'ont jamais obtenu que leur intermédiarité, car il y a toujours eu des forces extérieures et d'autres nations animées du même dessein. Quant aux objets physiques, chimiques, minéralogiques, astronomiques, ils ne cherchent pas à achever la Vérité, mais tendent tous vers l'Equilibre: il n'y a pas un mouvement qui ne soit dirigé vers l'Equilibre et ne s'éloigne d'une autre approximation de l'Equilibre. Tous les phénomènes biologiques cherchent à s'adapter: il n'y a pas un seul acte biologique qui ne soit un ajustement. Ajustement est synonyme d'Equilibre et l'Equilibre est dans l'Universel que rien d'extérieur ne peut troubler. Mais ce que l'on nomme «être» est le mouvement : tout mouvement n'est pas l'expression d'un équilibre, mais d'une mise en équilibre ou de l'équilibre non atteint. Et le simple fait d'être, dans le sens positif, se manifeste dans l'intermédiarité entre Equilibre et Déséquilibre. En sorte que tous les phénomènes, dans notre état intermédiaire ou dans notre quasi-état, représentent cette unique tentative d'organiser, de stabiliser, d'harmoniser, d'individualiser - ou de positiver, c'est-à-dire de devenir réel. Après une apparence, c'est exprimer l'échec ou l'intermédiarité entre l'échec et la réussite finale. En toute tentative, la chose est observable, est mise en défaite par la continuité, ou par les forces extérieures, c'est-à-dire par les exclus, continus des inclus. Toute notre «existence» est une tentative du relatif vers l'absolu ou du local vers l'universel. Et cette tentative, telle qu'elle se manifeste dans la science moderne est l'objet de mon livre. La science moderne a tenté d'être réelle, finale, complète et absolue. Si l'inclus et l'exclu sont contigus, le système d'apparence de la Science Moderne n'est qu'un quasi-système, obtenu par le même processus arbitraire, grâce auquel le système théologique a usurpé son apparence d'existence. Je rassemblai dans ce livre quelques-unes des données dont j'estime qu'elles ont été arbitrairement exclues. Les données des damnés. Je me suis lancé dans l'obscurité extérieure des transactions et procédures scientifiques, une région ultra-respectable, mais couverte de la poussière du mépris, je me suis abaissé jusqu'au niveau du journalisme, mais je suis revenu avec les presque âmes des faits perdus. Elles marcheront. Quant à la logique de mes raisonnements à venir, la voici: dans notre mode d'apparences, il ne saurait y avoir qu'une quasi-logique. Rien n'a jamais été prouvé, parce qu'il n'y a rien à prouver. Et quand je dis qu'il n'y a rien à prouver, je veux dire que, pour tous ceux qui acceptent la Continuité, ou la fonte de tous les phénomènes avec d'autres phénomènes, sa démarcation possible entre chacun d'eux, il n'y a pas une seule chose, dans un sens positif. Et c'est pourquoi il n'y a rien à prouver. On ne peut pas prouver, par exemple, que quelque chose soit un animal, parce que l'animalité et la végétalité ne sont pas positivement différentes. Certaines expressions de vie sont aussi animales que végétales ou représentent la fonte de l'animalité avec la végétalité. Il n'y a donc pas de test, de critère, ni de standard pour se former une opinion. Distincts des végétaux, les animaux n'existent pas. Il n'y a rien à prouver. On ne peut pas prouver, par exemple, que quelque chose soit bon. Car il n'y a rien dans notre c existence» qui soit bon dans le sens positif et qui se distingue vraiment du mal. S'il est bon de pardonner en temps de paix, c'est mal en temps de guerre. En ce monde, le bon est contigu du mal. En ce qui me concerne, je ne fais qu'accepter. Ne pouvant voir les choses universellement, je me contente de les localiser. En sorte donc que rien n'a jamais été prouvé et que les décla rations théologiques sont tout aussi sujettes à caution, mais ont dominé la majorité des esprits en leur temps, par de purs procédés hypnotiques; que dans l'époque suivante, les lois, dogmes, formules et principes de la science matérialiste n'ont jamais été prouvés, mais que les esprits dirigeants de leur règne ont été amenés par auto-suggestion à y croire plus ou moins fermement. Les trois lois de Newton qui tentent d'achever la positivité, de défier et briser la continuité sont aussi réelles que toutes les autres tentatives de localisation de l'universel. Si tout corps observable est contigu médiatement ou immédiatement de tous les autres corps, il ne peut pas être seulement influencé par sa propre inertie, en sorte qu'il n'y a pas de moyen de savoir ce qu'est le phénomène d'inertie. Si toutes choses réagissent à une infinité de forces, il n'y a pas de moyen de savoir quels seront les effets d'une seule forc,e imprimée. Si toute réaction est contiguë de l'action, elle ne peut pas être conçue dans son ensemble et il n'y a pas de moyen de concevoir ce qu'elle peut égaler, ni à quoi elle peut s'opposer. Les trois lois de Newton sont des actes de foi. Les démons et les anges, les inerties et les réactions sont tous des personnages mythologiques. Mais, dans leur temps de dominance, ils ont suscité la croyance, tout comme s'ils avaient été prouvés. Les énormités et les absurdités marcheront. Je substituerai l'acceptation à la croyance. Les cellules d'un embryon changent d'apparence à différentes époques. Ce qui est fermement établi change difficilement. L'organisme social est embryonnaire. Croire fermement, c'est retarder tout développement. Accepter temporairement, c'est le faciliter. Mais: Tout en substituant l'acceptation à la croyance, j'userai des méthodes conventionnelles, des moyens par lesquels toutes les croyances ont été formulées et soutenues ; mes méthodes seront celles des théologiens, des sauvages, des savants et des petits enfants. Car si tous les phénomènes sont contigus, il ne peut y avoir de' méthodes positivement différentes. C'est par les méthodes balbutiantes des cardinaux, des cartomanciennes et des paysans que j'écrirai ce livre. Et s'il fonctionne en tant qu'expression de son temps. j'ose croire qu'il prévaudra. Toutes les sciences commencent par des tentatives de définition. Mais rien n'a jamais été défini, parce qu'il n'y a rien à définir. Darwin a écrit L'Origine des espèces, sans être jamais à même de définir ce qu'était une c espèce ). Il est impossible de définir. Rien n'a jamais été finalement découvert parce qu'il n'y a rien de final a découvrir. Autant chercher une aiguille que personne n'aurait perdue dans une meule de foin inexistante. Mais toutes les tentatives scientifiques tendant à découvrir réellement quelque chose là ou il n'y avait rien à découvrir, sont en réalité des tentatives d'être quelque chose. Quiconque cherche la Vérité, ne la trouvera jamais, mais il y a une infime possibilité qu'il devienne lui-même la Vérité. La science est plus qu'une recherche, c'est une pseudoconstruction, une quasi-organisation, c'est une tentative d'évasion, visant à établir l'harmonie, l'équilibre, la stabilité, la consistance, l'entité. Il y a une infime possibilité qu'elle y parvienne. Nous vivons une pseudo-existence, dont toutes les apparences participent de son irréalité essentielle. Mais certaines apparences s'approchent davantage que d'autres de l'état positif. Je conçois toutes «choses» comme occupant des gradations, des étapes sérielles entre la positivité et la négativité, entre la réalité et l'irréalité. Certaines apparences sont plus constantes, plus justes, plus belles, plus harmonieuses, plus individuelles ou plus stables que d'autres. Je ne suis pas un réaliste. Je ne suis pas un idéaliste. Je suis un intermédiariste. Rien n'est réel, mais rien n'est irréel et tous les phénomènes sont d,es approximations d'une part ou de l'autre entre la réalité et l'irréalité. En sorte que toute notre quasiexistence est un stad,e intermédiaire entre le réel et l'irréel. Mais dans cette somme hâtive, je précise que la Réalité est un aspect de l'état positif. Par Réalité, je désigne ce qui ne se confond pas en quelque chose d'autre, ce qui n'est pas partiellement autre chose, ce qui n'est pas une réaction à quelque chose ou une imitation de quelque chose. Un réel héros serait quelqu'un qui ne serait pas partiellement lâche, ou dont les actions et motifs ne se confondraient pas avec la lâcheté. Bien que le local puisse être universalisé, il n'est pas concevable que l'universel puisse être localisé, mais des approximations d'un ordre élevé peuvent être transférées de l'intermédiarilé dans la Réalité, tout comme dans un sens relatif, le monde industriel se recrute en transférant hors de l'irréel (ou hors de l'imagination d'apparence irréelle des inventeurs) des machines qui, une fois montées dans les usines, semblent avoir plus de Réalité qu'elles n'en possédaient au niveau de l'imaginaire. Si tout progrès tend vers la stabilité, l'organisation, l'harmonie, la consistance, ou la positivité, tout progrès est une tentative d'achever le réel. En termes de métaphysique générale, j'estime donc que tout ce que l'on nomme communément «existence» et que je nomme intermédiarité, ·est une quasiexistence, ni réelle, ni irréelle, mais expression d'une tentative visant au réel, ou à la pénétration d'une existence réelle. Je tiens que la Science, bien que conçue généralement dans sa spécificité, bien que censée généra - lement dans ses propres termes locaux être un fouille de vieux os d'insectes, ou magmas répugnants, exprime en fait l'esprit qui anime toute l'intermédiarité. Si la Science pouvait exclure toutes les données, sauf les miennes propres, assimilables à l'actuelle quasi-organisation, elle serait un vrai système, doté de contours positivement définis. Elle serait réelle. Mais elle ne semble s'approcher de la consistance, de la solvabilité, du système, de la positivitéet de la réalité qu'en damnant l'irréconciliable ou l'inassimilable. Tout serait bien. Tout serait admirable. Si les damnés voulaient rester damnés. ...

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