De Echeverria Frederico - L'Espagne en flammes Un drame qui touche la France de près


Auteur : De Echeverria Frederico
Ouvrage : L'Espagne en flammes Un drame qui touche la France de près
Année : 1936

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La seconde République espagnole a vécu. A son chevet de mort, n’oublions pas qu’en 1931 une grande partie de l’opinion espagnole l’enfanta dans la confiance et la gaieté, voire dans l’enthousiasme. Moins d’une année plus tard, son mentor le plus illustre, le philosophe Ortega y Gasset, constatait qu’elle était devenue triste et aigre. De 1933 à 1935, elle parut se consolider. Au mois de janvier 1936, un « Front populaire » se constitua pour raffermir ses institutions. Il était formé par des radicaux-socialistes, des autonomistes catalans et basques, des socialistes, des communistes et des anarchistes. Les plus modérés d’entre eux devaient gouverner dans un esprit démocratique bourgeois avec le soutien des extrémistes. Un programme bien modeste et sage scella cette alliance. Le bon bourgeois espagnol se sentit tranquille. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes républicains possibles. Le Front populaire prit le pouvoir le 20 février. Le lendemain, le bon bourgeois républicain perdit son calme. Les grives, les assauts, les incendies, les troubles de toute sorte sévissaient partout. Un mois plus tard, le Pays souffrait d’un état d’anarchie peu près complète. Le 18 juillet, à peine cinq mois après l’avènement du Front populaire au pouvoir, la guerre civile éclatait en Espagne. Aujourd’hui, nous constatons la fin, certaine et complète en tout cas, de cette république libérale, démocratique et parlementaire que le Front populaire prétendait être venu consolider. Pourquoi ? Tâchons de dégager les causes et de suivre l’évolution du procès qui a abouti à la plus effroyable des guerres civiles modernes. les prodromes du front populaire Au mois d’avril 1931, à l’avènement de la République, la matière première nécessaire à son édification faisait à peu près complètement défaut en Espagne. Il n’existait ni partis, ni équipes dirigeantes, ni organisations républicaines capables d’offrir une base solide au nouveau régime. Encore moins, un climat social et intellectuel favorable à l’expérience hardie d’une démocratie intégrale nouvelle. Seul le parti radical de M. Lerroux, peu nombreux et moins influent, soutenait alors en Espagne le feu sacré du républicanisme de 1874, éteint au cours d’un demi-siècle de monarchie libérale qui fut sans doute le chapitre le plus calme, le plus heureux et le plus progressif de toute l’histoire moderne de l’Espagne. Ainsi, la jeune République, née d’un concert de lourdes fautes d’en haut, de fois espoirs d’en bas et d’insouciante légèreté de partout, dut confier ses destins à des gouvernants improvisés, encadrés par des déserteurs de la monarchie et des marxistes, et soutenus par des organismes politiques de fortune. Une nouvelle constitution radicalement démocratique et même socialisante, de beaucoup en avance sur la maturité politique et le stade culturel des masses espagnoles, acheva de rendre le jeu follement dangereux. Pourtant, les circonstances mondiales n’étaient guère favorables à une expérience si hardie. C’était le moment où la crise économique mondiale, déclenchée en Amérique, battait son plein en Europe et commençait à ronger l’économie plus fermée de l’Espagne. C’était le moment où la ruine des valeurs morales et le trouble des esprits jetaient partout des germes de désarroi et d’indiscipline. Germes si dangereux qu’ils parvenaient à pousser même dans les milieux les plus hostiles à de tels poisons, comme dans la flotte anglaise quelques mois plus tard. C’était le moment où les organes de la propagande communiste, après avoir solidement assis leurs bases économiques et militaires sur le travail forcé de cent millions d’êtres pendant cinq ans, se sentaient prêts à semer ses virus urbi et orbi. Ce fut néanmoins le moment que la démocratie espagnole choisit pour se donner le luxe d’un nouveau régime. Seule une minorité éclairée sentit le danger. Affaiblie par tant d’imprudences, l’Espagne vit se répandre et fructifier dans son organisme les propagandes les plus subversives. Et ses premiers gouvernements républicains-socialistes durent s’employer à réprimer l’un après l’autre toutes sortes de troubles sociaux. Grèves, agressions, attentats, incendies de récoltes, d’édifices privés, d’églises, révoltes contre la force publique, meurtres et assassinats sévirent dans le pays. La répression fut souvent dure, parfois, cruelle. Les épisodes de de Castilblanco et Casas Viejas rendirent sinistre au peuple espagnol le premier gouvernement Azafia, dont la période au pouvoir fut qualifiée par M. N’Affinez Barrios, son second d’aujourd’hui, d’étape de la boue, du sang et des larmes. Le mécontentement populaire chassa les gouvernants de cette première étape républicaine aux élections de novembre 1933. Le nouveau parlement vit siéger : Un communiste, 56 socialistes, 20 catalans de gauche, 17 républicains des trois partis de gauche, 104 radicaux, 55 centristes de diverses nuances, 27 catalanistes de droite, 35 agrariens, 112 populaires catholiques, 48 monarchistes. L’Espagne entrait en convalescence de la rougeole de 1931. Sous le signe de la modération, la République semblait avoir des chances de se consolider. Pourtant, le président de la République. M. Alcala Zamora, loin de favoriser la coalition orientée vers la droite qui découlait normalement de la composition de la chambre, refusa constamment d’offrir le pouvoir à M. Gil Robles, chef de la Confédération des droites autonomes, qui, appuyé sur une organisation puissante, était le vrai maître dans le pays. En même temps l’agitation due à des propagandes subversives continuait. La révolte ne cessait de gronder partout. Au mois de décembre 1933 une sanglante révolte anarchiste éclatait à Barcelone. Le gouvernement dut faire face à des grèves révolutionnaires à la Corogne, à Huesca. à Saragosse, à Barbastro. Des églises furent brûlées à Grenade et en Catalogne. Au printemps, des transports et des dépôts d’armes furent découverts qui prouvaient la préparation, de la part des socialistes et des communistes, d’un vaste mouvement révolutionnaire. Il éclata au mois d’octobre, sous prétexte de la nomination de deux ministres populaires catholiques, qui pourtant appartenaient au groupe parlementaire le plus nombreux. Promptement étouffés dans la plupart des régions, la révolution prit la forme d’une sanglante, quoique brève, lutte civile à Barcelone et à Madrid. Ce fut aux Asturies qu’elle eut ses manifestations les plus graves. Plus de 6.000 mineurs, armés de fusils, de mitrailleuses, de cars blindés et surtout de dynamite, prirent part la rébellion qui se prolongea pendant des semaines. Le bilan de la révolution aux Asturies prouve bien qu’elle avait eu une préparation longue et minutieuse et que les rouges étaient largement pourvus de toutes sortes d’éléments de destruction. Ce bilan se dresse comme suit : 1.335 morts ; 2.951 blessés ; 739 édifices détruits ; 89.000 fusils, 33.000 pistolets et 350.000 cartouches pris aux rebelles. La révolution fut réprimée par l’armée, mais le trouble était et resta profond. L’année 1935 fut une année de confusion et d’inquiétude. Dans la population, la propagande rouge persistait, quoique hors la loi. S’accrochant au souvenir de la répression aux Asturies, qu’elle accusait de cruelle, elle redoubla son agitation dans les milieux ouvriers et paysans. Dans les milieux gouvernementaux, l’opposition du chef de l’Etat à tout gouvernement des droites rendait la situation politique de plus en plus confuse. Elle devint sans issue quand M. Gil Robles, obligé de rentrer dans l’opposition, rendit de par ce fait impossible la formation d’un gouvernement parlementaire viable. Les Cortes furent dissoutes le 7 janvier 1936. L’Espagne venait de faire à nouveau un épouvantable saut dans le vide. la naissance du front populaire Le pendule de l’opinion publique bat toujours en Espagne trop violemment. Ses oscillations excessives allaient être sans doute, comme en 1933, exagérées par un système électoral défectueux. Car ce système, établi par les gauches en 1932 dans l’espoir qu’il jouerait toujours pour leur profit, accordait dans chaque circonscription provinciale une forte prime au parti ayant obtenu la majorité même relative. Cependant, la plupart des dirigeants de droite envisageaient les élections avec optimisme. Certains arborèrent même un enthousiasme qui prit des formes, pour le moins, puériles. Grave erreur. Il suffisait de tâter sans préjugé le pouls de l’opinion publique pour percevoir que les élans de novembre 1933 étaient ou refroidis ou brisés ; qu’une large partie de cette opinion, mécontente et inquiète, cherchait, encore une fois, du nouveau... Le fonctionnement décevant du mécanisme politique basé sur les radicaux et les modérés, jugé, par un corps électoral, simpliste et trop impressionnable, allait offrir — déjà ! — une nouvelle chance aux républicains de gauche chassés en 1933. Ils n’avaient qu’à profiter des fautes de leurs adversaires. Ils n’avaient qui tirer de leur propre expérience du premier biennum de gouvernement une leçon de modération et de sagesse. A se souvenir des graves conséquences pour eux de la prépondérance marxiste au cours de cette première période de la république. Ils n’avaient qu’à attendre. Mais c’était trop demander à des hommes que l’envie du pouvoir hantait et qui, pour la plupart, souffraient encore des blessures d’amour-propre produites pendant les deux années de disgrâce... D’autant plus, que des voix de sirène les attiraient du côté gauche. Le rétablissement des libertés constitutionnelles, suspendues depuis octobre 1934, consécutif au commencement de la période électorale, rendit aux partis d’opposition leur entière liberté de propagande. Les marxistes en profitèrent surtout pour créer un mouvement d’opinion contre ce qu’ils appelaient les excès de la répression du mouvement révolutionnaire d’octobre. Ils en profitèrent en même temps pour préconiser l’entente électorale des partis dits prolétariens avec les républicains de gauche. C’était la nouvelle tactique marxiste qui allait trouver sa première application en Espagne : l’alliance avec les bourgeois de gauche, sous un programme électoral modéré, de façon à rassurer les masses neutres du pays et à conquérir le pouvoir sans soulever des alarmes trop vives ni se heurter de trop violentes résistances. La nouvelle tactique venait de l’Internationale Communiste. Ainsi, ce fut M. Largo Caballero, leader de la fraction extrémiste du socialisme, qui devint le plus ardent partisan et le plus actif négociateur de cette alliance avec les bourgeois ! Certes il n’essaya pas de les duper. « Le premier but de cette alliance électorale — déclara-t-il à Madrid le 11 janvier — doit être d’imposer l’amnistie pour les condamnés politiques. Mais — ajouta-t-il — les marxistes ne doivent pas hypothéquer l’avenir. Leur but final est et doit rester l’entière conquête du pouvoir. » Les bourgeois républicains étaient avertis. Cependant, ils acceptèrent le projet d’entente. Leur chef. M. Azaña, habitué à des auditoires restreints. parla à Madrid devant 200.000 personnes. Il prêcha, comme toujours, la bonne parole des principes de 1789. Il se vit salué par des poings fermés. Il acclama la République. Ce fut l’Internationale qui résonna à son appel. Des principes et des systèmes politiques différents, opposés, incompatibles, s’affrontaient. Mais... personne ne tient compte des principes ni des systèmes dans un big meeting électoral. Le Frente Popular était né. Nous allons voir quelles furent ses conséquences. Voyons d’abord quels étaient ses composants. ...

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