Zinoviev Alexandre - Sur la voie de la suprasociété


Auteur : Zinoviev Alexandre
Ouvrage : Sur la voie de la suprasociété
Année : 2001

Lien de téléchargement : Zinoviev_Alexandre_-_Sur_la_voie_de_la_suprasociete.zip

LA RUPTURE ÉVOLUTIONNELLE. Dans la deuxième moitié de notre (vingtième) siècle il s’est produit une grande rupture dans l’évolution sociale de l’humanité. Cette rupture consiste dans le fait que l’on est en voie de passer de l’époque de la société à l’époque de la suprasociété. Ce passage est le résultat du concours de nombreux facteurs historiques. Autant que je sache, nous ne disposons pas encore d’une description scientifique logiquement systématisée et suffisamment complète de ces facteurs. Néanmoins, ils sont largement connus et, pris séparément et dans des combinaisons partielles, ils sont devenus des objets d’attention habituels dans la sphère des études sociales. Dans ce bref article je ne les examinerai pas, me limitant à la seule notion de suprasociété. Le lecteur pourra trouver l’exposé détaillé de mes considérations à ce sujet dans mes travaux suivants : Le Communisme comme réalité, La Crise du communisme, L’Occident, L’Agrégat global, La Nouvelle utopie, Sur la voie de la suprasociété, L’Expérimentation russe ainsi qu’une série d’articles et d’interviouves de journaux. Pour définir ce qu’est la suprasociété, il est indispensable de définir auparavant ce qu’est la société. Le mot de « société » est polysémique. Afin qu’il devienne un concept scientifique, il faudra le soumettre à l’opération qu’en logique on appelle l’explication des concepts. Il est pertinent d’introduire pour mener une telle explication une notion plus générale qui est celle «d’agrégat humain», en définissant ensuite la société humaine comme un type évolutif particulier d’agrégat qui a ses limites évolutionnelles (qualitatives). L’AGRÉGAT HUMAIN. J’appelle agrégat un groupe humain dont les caractéristiques sont les suivantes : ses membres vivent une expérience historique commune, autrement dit, de génération en génération, ils se reproduisent à l’identique. Ils vivent ensemble comme un tout et entretiennent des liens réguliers avec les autres membres. Ils se répartissent entre eux les fonctions sociales et occupent au sein de l’agrégat des positions différenciées. Ces différenciations ne sont que partiellement biologiques (différences de sexe et d’âge) et résultent principalement des conditions d’existence de l’agrégat. Les membres de l’agrégat travaillent en commun à la conservation de celui-ci. L’agrégat occupe et exploite un espace donné (un territoire), il possède une autonomie relative dans sa vie intérieure, produit ou acquiert ses moyens de subsistance, se défend contre les phénomènes extérieurs qui menacent son existence. Il a une faculté d’identification interne, ce qui veut dire que ses membres se définissent en tant que tels et sont reconnus par les autres comme semblables à eux. Il possède aussi une faculté d’identification extérieure, c’est-à-dire que les gens qui n’en font pas partie, mais qui ont affaire à lui, le perçoivent comme une communauté à laquelle ils n’appartiennent pas et sont perçus comme étrangers par les membres de l’agrégat. Les prédécesseurs des agrégats dans l’évolution ont été les troupeaux d’animaux ainsi que des agglomérats d’insectes comme les fourmilières. J’ai employé le mot « tchelovieinik» (agrégat humain) par analogie avec le mot « mouravieinik»2 (fourmilière = agglomérat de fourmis). Je ne veux pas dire par là que les agrégats humains proviennent de ces agglomérats d’êtres vivants mais ceux-ci les précèdent dans le sens de la classification de l’évolution : si on dispose ces agglomérats dans une rangée verticale selon le degré de développement, les agrégats humains se placeront au-dessus des agglomérats qui les ont précédés dans l’évolution. Les agrégats humains se distinguent des agglomérats d’animaux et d’insectes par leur matériau et par le mode d’organisation de ce matériau. Les hommes mettent en forme le matériau de leur agrégat et ils utilisent dans leur vie tout ce qu’ils créent eux-mêmes : les outils de travail, les habitations, les habits, les moyens de transport et de communication, les équipements techniques, et toutes sortes de phénomènes matériels (les objets) auxquels on peut ajouter également les animaux domestiques et les plantes cultivées. Nous appellerons cela la culture matérielle. L’agrégat humain est un groupement organisé de gens. Les facteurs les plus variés prennent part à son organisation. Il est pratiquement impossible de faire le compte de tous ces facteurs. Et d’ailleurs ce n’est pas la peine. La science a inventé les moyens de réduire au minimum le nombre des facteurs qu’il est nécessaire et suffisant de prendre en compte dans ces cas-là. Nous avons isolé, parmi tous ces facteurs, ceux qui jouent le rôle d’organisateurs de l’ensemble des autres facteurs. Nous les appellerons facteurs ou moyens de l’organisation sociale de l’agrégat et nous donnerons le nom d’organisation sociale à leur apport à l’organisation globale de l’agrégat. Les facteurs de l’organisation sociale sont bien connus : ce sont les cellules de décision, le pouvoir et l’administration, la sphère de l’économie, la sphère de la religion et de l’idéologie, ainsi que les autres sphères qui résultent du développement des facteurs principaux susmentionnés. Dans l’histoire de l’humanité il y a eu et il y a encore de nos jours de nombreux exemplaires et types d’agrégats. Ils différent par les dimensions, par la longévité, par le degré de complexité de leur structure, par le matériau humain et par plusieurs autres caractéristiques. Il suffit de comparer les agrégats humains primitifs de quelques centaines de personnes, qui par quelque miracle ont survécu sur la planète, et les pays occidentaux contemporains de dizaines de millions d’hommes qui ont atteint un très haut degré de développement pour voir quel processus évolutionnel grandiose s’est produit et continue à se produire sous nos yeux. ...

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