Auteur : Maurras Charles
Ouvrage : Athènes antique
Année : 1903
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Des intelligences peu avancées me feront le reproche de soumettre la science du beau à la loi des lieux et des races. Mais leur censure me ménage la plus facile des répliques. Ce que je loue n'est point les Grecs, mais l'ouvrage des Grecs, et je le loue non d'être grec, mais d'être beau. Ce n'est point parce qu'elle est grecque que nous allons à la beauté, mais parce qu'elle est belle nous courons à la Grèce. Tout en courant, prenons garde de distinguer, en Grèce et hors de Grèce, que la flamme, moins pure, eut quelquefois un moindre éclat. D'ailleurs, choisir n'est pas exclure, ni préférer sacrifier. Un enthousiasme critique est le frein de la complaisance ; une critique enthousiaste donne à la sagesse le frein dont elle a besoin, elle aussi. Autrefois on étudiait seulement la Grèce classique, celle qui porte le péplos. Ce péplos composait, il figurait tout l'hellénisme. Ce fut le premier stade. On le dépassa. Las du péplos, Renan écrivit la phrase fameuse : « L'ennui, oui, l'ennui... » La Grèce du péplos passa pour ennuyeuse, du moins pour les esprits profondément gâtés entre lesquels Renan se rangeait avec modestie. Et ce fut le deuxième stade. Mais le troisième commença quand on s'aperçut que la Grèce a connu toute sorte de vêtements, de coiffures, de manières, d'ordres, de goûts. On ne nous parla plus d'ennui, et la Grèce devint tout à fait amusante. Avant de trouver l'essentiel et même après l'avoir trouvé, les Grecs ont cueilli tout le reste: l'artificieux, le bizarre et aussi bien le laid. Oui, le laid. Cependant de jeunes lecteurs commencent à bâiller. Quelques-uns se demandent même si rien valait le péplos du commencement. En effet, rien au monde n'est beau comme le beau, .aussitôt que le beau lui cause de l'ennui, un honnête homme s'examine et travaille à se corriger. Le quatrième stade du goût français peut donc s'ouvrir, qui ramènerait au premier et qui l'emporterait pourtant sur le premier comme une préférence réfléchie sur un bon instinct, il est bien de sentir qu'une belle colonne dorique, c'est le beau parfait, il est meilleur de le sentir et de savoir la raison de son sentiment. Le divin péplos restauré, l'esprit classique rajeuni et recompris, quelle source de renaissance ! L'art et même la vie des Grecs ne sont pas d'immobiles objets ayant été une fois, puis ensevelis. Il faut les concevoir dans leur suite perpétuelle, à travers la mémoire et le culte du genre humain. Chacun s'arrête et puise a. cette onde jeune et limpide, dont le murmure est divinement accordé à ce que l'homme universel a de plus profond. Parlant de Sophocle, Racine se borne pour toute louange à le mettre dans les imitateurs d'Homère. Que Racine a raison ! Gloire aux seuls homérides ! Ils 'ont surpris le grand secret qui n'est que d'être naturel en devenant parfait. Tout art est Là, tant que les hommes seront hommes. ...
Demolins Edmond - Saint Louis
Auteur : Demolins Edmond Ouvrage : Saint Louis Année : 19881 Lien de téléchargement :...