Jollivet-Castelot François - Comment on devient Alchimiste


Auteur : Jollivet-Castelot François
Ouvrage : Comment on devient Alchimiste Traité d'hermétisme et d'art spagyrique Basé sur les clefs du Tarot (quatre portraits et de nombreuses figures)
Année : 1897

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Jadis, la Science était vivante, c'est-à-dire qu'elle était organisée dans la moindre de ses sections en corps, âme et esprit, et qu'à côté de la partie physique, du cadavre, il y avait toujours une partie métaphysique. L'étude des sciences était donc autant une question religieuse qu'une question intellectuelle, et les travaux d'oratoire appuyaient et illuminaient les travaux de laboratoire. Telle est la raison des sanctuaires d'Egypte et du titre de prêtre dont s'honoraient les savants, — Chaque science, constituée en Thèse, Antithèse et Synthèse, vivait réellement en une Mathèse complète. Tous ces mots paraîtront incompréhensibles à beaucoup de contemporains ; aussi les expliqueronsnous de noire mieux. Prenons comme exemple l'Alchimie. Dire que l'Alchimie est le premier balbutiement de la saine Chimie, c'est écouter les rêveries des encyclopédistes et de leurs successeurs et remplacer l'enquête sérieuse par des phrases sonores. Dans les sanctuaires anciens, la Nature était étudiée dans son Corps, dans sa Vie et dans son Esprit, et le tout formait une seule et unique science. L'étude du Corps enseignait les lois de l'organisation universelle, aussi bien sociale que naturelle; l'étude de la Vie permettait de saisir les lois de transformation et donnait à l'adepte le pouvoir de transmuer les métaux vils en métaux parfaits et les animaux et les végétaux sauvages en animaux et végétaux utilisables pour l'homme;' enfin, l'étude de l'Esprit permettait de saisir les lois de création et donnait à l'adepte le pouvoir, non pas seulement de transformer, mais de créer des êtres vivants dans certaines conditions (1). Aux XIVe, XVe et surtout XVIe siècles de notre ère, une réaction, depuis longtemps menaçante, se produisit progressivement. Toute la partie Physique des sciences, tout ce qui avait rapport au cadavre devint l'objet exclusif de l'étude des écoles officielles de science et toute la partie métaphysique (Vie et Esprit) fut rejetée loin des centres officiels d'enseignement sous le mon de SCIENCES OCCULTES. Ainsi toute la partie physique de la Chimie, celle qui conduisait à l'anatomie du corps de la Nature et à la classification de ses éléments constituants, celle qui était réservée aux garçons de laboratoire et aux débutants, demeura la seule étudiée dans les écoles, et toute la partie métaphysique et vivante fuie reléguée dans les oubliettes sous le nom d'Alchimie, le nom que les Arabes donnaient à l'ensemble de la Science chimique. Mais il ne faut pas croire que la Science vivante cessa pour cela d'être étudiée. M. Jollivet Castelot nous démontre très bien le contraire dans son bel ouvrage. Les Sociétés secrètes d'initiés conservaient intactes et vivantes les traditions kabbalistiques constituées en corps (ou Massora), en vie doublement polarisée (Mishna-Ghemarah) et en Esprit (haute Kabbale : Bereschit-Mercavah- Tarot). De même la Nature était étudiée dans ces centres secrets par le Chimiste (1er degré), par l'Alchimiste (2e degré) et par le Philosophe Hermétique (3e degré). Le Tarot (Thôra-Rota), comme l'a très bien compris et montré M. Jollivet Castelot, servait de clef de transposition universelle pour les trois ordres d'études. Tant que les chimistes, ces garçons de laboratoire révoltés, se contentèrent de faire des classifications, ils purent mépriser leurs maîtres; mais, du jour où ils voulurent faire la philosophie de leur science, ils furent bien obligés de revenir au bercail et de reconnaître que ceux qu'ils appelaient « ces rêveurs, ces enfants, ces fous d'alchimistes » possédaient seuls et de toute antiquité cette clef de l'unité de la matière et de l'unité de plan d'organisation de la Nature, après laquelle les modernes savants courent toujours. Initié martiniste en 1882, j'eus le grand bonheur d'être appelé à l'initiation alchimique en juillet 1883. Mon ami, M. Jollivet Castelot, me pardonnera de lui demander quelques pages pour reproduire ce document que je reçus le 2 juillet 1883 et que je publie pour la première fois; il avait bien intéressé mon cher Poisson, si cruellement enlevé à notre affection. Homme. Tu as voulu connaître notre foi ; tu as voulu être des nôtres. Notre porte n'est pas fermée : elle est ouverte à tous ceux qui savent pénétrer dans le temple., Nous n'avons pas de prêtres, et tu peux aussi bien arriver à la foi seul que par les secours d'un adepte. Notre devoir se borne à te montrer la route. Tu dois la suivre seul après. Ecoute. Tu ne sais rien et tu veux apprendre. Pourquoi? Tu es malheureux et tu veux être heureux. Tu crois que la science te donnera ce bonheur que tu convoites ; tu crois, par le travail, vaincre l'ennui qui t'oppresse. Ecoute. Tout cela est vrai. Tu pourras être heureux ; mais il ne faut pas croire que la Science, la vraie Science, te rendra heureux par l'argent) il ne faut pas venir vers nous si tu veux une Science qui te conduise aux honneurs. Si tu comptes sur la Science pour « arriver », va dans les Facultés. Là on t'apprendra tout ce qu'il faut pour être beaucoup de chose si tu veux travailler; par-là tu parviendras aux dignités, mais jamais au bonheur. La jalousie, l'ambition t'accapareront ; tu passeras ta vie dans une colère continuelle, ne sachant contre qui ni contre quoi t'insurger. Tu souffriras autant qu'on peut souffrir dans ton esprit, car tu professeras. Si tu es indépendant, tu seras malheureux, car tu sentiras que ce qu'on te fait dire est faux. Si tu es soumis, tu seras malheureux, car tu verras qu'arrivé aux honneurs les plus hauts tu es aussi malheureux qu'auparavant. Ce bonheur que tu cherchais étant jeune, tu le chercheras encore étant vieux, et, perdu dans les dédales de la Science actuelle, tu sentiras toujours en voyant la Nature qu'il te manque quelque chose. Ecoute. Le véritable adepte doit être indépendant. L'Alchimie ne te donnera pas la fortune corporelle ; elle te donnera une fortune plus durable, une fortune que les malheurs ne peuvent ébranler, la fortune spirituelle. Pour autant que tu souffres, tu seras toujours plus heureux que le savant rongé par la jalousie ou par l'orgueil et que le riche rongé par l'ennui. L'ennui, l'ambition et l'orgueil fuiront loin de toi, et, par-là, tu seras supérieur à tous les hommes. Si tu n'es pas fortuné, tu vivras en travaillant, mais tu ne dévoileras pas les secrets que tu auras saisis. Chaque jour t'apportera un nouveau lot de richesse intellectuelle, et ton travail te semblera chaque jour plus aisé. Bientôt tu arriveras à travailler moins pour les hommes et plus pour ta Foi, et tes goûts seront assez modestes dans le bonheur pour te contenter de peu. Ne crois pas que mus paroles soient dénuées de fondement. A l'appui de mon dire, je te citerai l'exemple de plus de deux mille des nôtres ayant vécu calmes et modestes au milieu des guerres les plus cruelles, au milieu des siècles les plus bouleversés, et toujours le bonheur souriait à leurs voeux. Alors, arrivé à cette apogée du bonheur intellectuel, quand tu verras Dieu se manifester à toi, quand tu seras juste et sage, pour quelque modeste que soit l'emploi que tu occupes parmi les hommes, tu seras toujours supérieur au savant officiel. Les deux routes te sont ouvertes : tu peux choisir. Je te répète que nous ne pouvons te donner aucun bien-être matériel; nous ne pouvons que t'accorder le bonheur spirituel. Ecoute. Avant d'entrer dans le livre de Dieu, il te faut regarder les hommes. Regarde cet ami qui vend son ami pour de l'or ; regarde ces hommes qui s'entre détruisent pour l'or; regarde les prêtres qui sont rongés par l'ambition des honneurs; regarde ce médecin qui tue les hommes pour gagner plus et ne pas s'avouer impuissant; regarde autour de toi : tu ne verras partout que la chasse à l'or. Toi-même tu es venu vers nous, croyant être plus vite riche. Croîs-tu donc, insensé, que nous aussi nous soyons lancés dans le courant qui conduit au désespoir? Crois-tu donc que les alchimistes sont aussi malheureux que les autres hommes? Je te dis que nous sommes heureux au milieu de tous les malheureux enfiévrés d'aujourd'hui ; ne crois donc pas que nous pensons à l'or. Et les véritables adeptes qui ont trouvé ce secret à la foule, comme le témoignent les pièces d'or exposées encore aujourd'hui dans les musées étrangers, ces adeptes, dis-je, sont morts sans léguer leur secret, car ils connaissaient trop les hommes. Si la transmutation existe, l'adepte ne la rêve pas pour la richesse qu'elle lui procurera. Il la rêve parce que c'est une occasion de plus pour lui de se trouver près de Dieu et de le prier. Si tu étudies la Nature, n'oublie pas que tes découvertes ne doivent pas être racontées à tous indifféremment. Vois que les adeptes se méfient des hommes et qu'aussitôt qu'ils ont donné quelques conseils à celui qui leur en paraît digne, ils le laissent seul dans la Nature. L'adepte doit être solitaire dans ses travaux et quelques élèves seulement doivent en avoir connaissance. Si tu veux léguer tes travaux aux descendants, suis les conseils de nos Maîtres. Hermès le Trismégiste, qui savait l'histoire de la Lune et du Soleil ; jehan, de Londres, qui savait expliquer les signes hermétiques, et nos autres grands maîtres recommandent tous de- ne parler que par paraboles. L'orgueilleux ne doit pas connaître notre langue il doit en rire, et c'est là sa punition. L'ambitieux ne doit pas être des nôtres, car tant qu'un homme est ambitieux il est attaché par quelques liens au phlegme des humains et il ne doit pas comprendre Hermès. Ne t'emporte jamais quand l'ignorant raillera nos maîtres devant toi, quand on les traitera de fous ou de mystiques. Observe, Prie et Tais-toi. Enfin s'il arrive quelque malheur de la part des hommes tu sauras l'endurer quand tu, auras entrevu la grande loi de Dieu. Le premier éclat de l'or pur te fera oublier bien des injustices et si quelque jour tu as le coeur gonflé par l'ingratitude d'un ami, l'exaltation de l'air par le feu saura te montrer la voie de la sagesse. Mon fils tu as entendu, réfléchis bien et si tu te décides tu entreras résolument dans la voie de Dieu. Nous avons tenu nos promesses mon fils, nos conseils t'ont montré la route du bonheur, c'est à toi de la parcourir et par-là nous verrons si tu es digne d'être un adepte. Si après avoir examiné la nature tu trouves le chemin de la vérité, sois persuadé que nous ouvrirons tes yeux et alors je serai heureux car j'aurai un adepte à qui confier nos découvertes. Alors confiants tous deux dans la loi de la nature nous verrons s'agiter les hommes autour de nous et nous attendrons dans le bonheur le moment de nous mêler au concert sublime de la Divinité. » Ainsi, Chimie, l'Alchimie, Philosophie hermétique forment les trois échelons qui du laboratoire élevaient l'initié jusqu'à l'oratoire en passant par la réalisation artistique. De là l'axiome: Labora, Opéra, Ora... et invenies. Généralement l'Alchimiste localisait ses efforts dans l'étude des lois de transformation ; car la pratique de l'évolution des métaux n'était pour lui que l'application d'une loi générale dont Darwin et ses disciples n'ont retrouvé qu'un bien petit côté. De même que trois sortes d'applications : application des forces physiques ou chimie, application des forces vivantes ou alchimie et application des forces spirituelles ou philosophie hermétique et théurgie marquaient les trois étapes de la réalisation générale ; de même chacune de ces trois applications pouvait être exécutée par trois voies ou moyens. Pour l'alchimie, application médiane qui seule nous intéresse ici, ces trois voies étaient la voie du feu ou voie sèche, la voie d'eau ou voie humide et la voie mixte, humide au début, sèche à la fin qui est généralement la plus usitée. Mais dans cette humidité même se cachait un profond mystère. Les alchimistes savaient fort bien que la Terre était un organisme vivant, ainsi que nous l'a révélé en ces dernières années Louis Michel de Figanières (voy. sa Vie Universelle). Or, de même que le sang humain a deux courants, le courant artériel et le courant veineux, de même le sang terrestre ou l'eau a deux courants : le courant artériel ou atmosphérique partant du coeur (Océan) pour s'électriser au contact de la Lumière solaire dans l'atmosphère (poumons terrestres) et retomber sur les montagnes, et le courant de retour purement veineux, formé par les ruisseaux, les rivières et les fleuves et ramenant à l'Océan purificateur les déchets de l'organisme terrestre. Prendre de l'eau de rivière pour les opérations humides c'est donc prendre une substance usée et contaminée. Aussi les alchimistes n'emploient-ils pour cet usage que la rosée, véritable sang artériel de la terre et tellement chargée de dynamisme, tellement spiritualisée que le premier rayon solaire la vaporise instantanément (2). L'eau de pluie était, elle, réservée au lavage de vases destinés à contenir les esprits. Mais tout cela le lecteur le trouvera avec détails dans l'ouvrage présent construit sur les trois septénaires : septénaire des Principes, septénaire des Lois et septénaire des Faits correspondant respectivement aux trois plans d'étude dont nous avons parlé. Les fraternités initiatiques devront à M. Jollivet Castelot un appui puissant dans la renaissance ou mieux dans la rejustification, de l'Alchimie. Elles sauront s'en souvenir à l'occasion. Pour l'instant félicitons hautement l'auteur de sa science, de son courage et de sa méthode. Son livre est original et personnel et il est digne d'un membre des initiations traditionnelles. Que l'auteur me permette, en terminant, de le remercier du grand honneur qu'il a bien voulu me faire en me priant d'écrire cette préface et de le féliciter d'avoir dédié son ouvrage à l'instaurateur de la voie qu'il illustre aujourd'hui : ce savant élevé et modeste que fut Albert Poisson. Dr PAPUS. ...

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