Malthus Thomas-Robert - Essai sur le principe de population


Auteur : Malthus Thomas-Robert
Ouvrage : Essai sur le principe de population
Année : 1798

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Préface de Thomas-Robert Malthus à la seconde édition du Principe de population. L'essai sur le Principe de Population que j'ai publié en 1798 me fut suggéré par un Essai que M. Godwin a publié dans son « Inquirer ». J'ai alors suivi l'impulsion du moment et travaillé avec les éléments que j'avais sous la main dans ma résidence campagnarde. Hume, Wallace, Adam Smith et le Dr Price ont été les auteurs dont je me suis inspiré pour dégager le Principe sur lequel est basé mon Essai. J'avais alors pour but d'appliquer ce principe pour vérifier l'exactitude des théories selon lesquelles l'homme et la société sont perfectibles: on sait qu'à cette époque ces théories retenaient largement l'attention du public. Au cours de la discussion, j'ai été tout naturellement amené à étudier les incidences du Principe de Population sur l'état actuel de la société. C'est ainsi que ce principe m'a paru avoir une influence considérable sur la pauvreté et la misère des classes inférieures du peuple, dans tous les pays; il m'a également para capable d'expliquer l'échec constant des efforts effectués par les classes plus élevées pour secourir les classes pauvres. Plus j'examinais le sujet sous cet angle, et plus il me paraissait grandir en importance. Ce sentiment, s'ajoutant à la faveur que le public réservait à mon Essai, m'a engagé à consacrer mes loisirs à étudier le Principe de Population sur le plan historique, c'est-à-dire à rechercher ses effets sur l'état des sociétés humaines, autrefois et aujourd'hui. En généralisant mon étude et en cherchant à dégager les conséquences du Principe sur l'état actuel de la société, telles que l'expérience paraissait les garantir, j'espérais donner à mon sujet un intérêt à la fois nouveau, plus proche de la réalité et plus durable. En poussant mon étude, je m'aperçus que l'on avait déjà fait dans ce sens beaucoup plus que je ne croyais au moment où j'avais publié mon Essai. Il y a bien longtemps, dès l'époque de Platon et d'Aristote, on avait déjà conscience de la pauvreté et de la misère que provoque une montée trop rapide de la population, et l'on avait proposé contre ce danger des remèdes extrêmement énergiques. Dans l'époque moderne, ce sujet a été traité par quelques économistes français; il a été abordé par Montesquieu; parmi nos propres écrivains, le Dr Franklin, sir James Stewart, M. Arthur Young et M. Townsend en ont parlé en termes tels qu'on peut s'étonner de voir que l'attention du public n'a pas été davantage attirée par le sujet. Mais il restait beaucoup à faire. Non seulement l'on n'avait pas comparé avec assez de force et de netteté les accroissements relatifs de la population et des moyens de subsistance, mais certains aspects du sujet - parmi les plus curieux et les plus intéressants - avaient été complètement omis, ou du moins traités trop légèrement. On avait certes établi sans conteste que la population doit toujours être maintenue à un niveau correspondant aux possibilités de nourriture: mais on s'était bien peu préoccupé des moyens grâce auxquels ce niveau est constamment maintenu. Ni les conséquences, ni les résultats pratiques du Principe n'avaient été dégagés au fond: en d'autres termes, on n'avait pas encore cherché sérieusement quels sont ses effets sur la société. Tels sont les points sur lesquels je me suis étendu dans l'Essai qui va suivre. Sa présentation autorise à le considérer comme un nouvel ouvrage, et je l'aurais sans doute publié comme tel - en enlevant les quelques passages de la première édition qui s'y trouvent répétés - si je n'avais eu le désir de présenter une œuvre complète, en évitant au lecteur d'avoir continuellement à se reporter au premier Essai. C'est la raison pour laquelle je ne pense pas avoir d'excuses à présenter aux acheteurs de la première édition. Ceux qui connaissaient déjà le sujet, ou qui ont lu avec attention l'édition précédente, trouveront - je le crains - que j'ai traité certains de ses aspects avec trop de détails et que je me suis rendu coupable de répétitions inutiles. Ces fautes, je les ai commises en partie par maladresse, mais en partie intentionnellement. Lorsqu'en examinant la structure sociale des différents pays j'étais amené à dégager des conclusions identiques, il m'était difficile d'éviter certaines répétitions. D'autre part, lorsque mon enquête aboutissait à des conclusions différant notablement des opinions courantes, il m'a paru nécessaire de répéter mes idées chaque fois que l'occasion s'en présentait, ceci afin d'accroître ma force de conviction! J'ai donc volontairement abandonné toute prétention à un quelconque mérite littéraire et j'ai plutôt cherché à impressionner le plus grand nombre possible de lecteurs. Mon principe général est si incontestable que si je m'en étais tenu seulement à des vues générales, je me serais retranché dans une forteresse inexpugnable: sous cette forme, mon travail aurait eu davantage l'apparence d'une œuvre maîtresse. Mais les vues générales - si elles sont utiles au progrès des vérités abstraites - ont rarement beaucoup d'influence pratique! J'ai donc estimé que si je voulais me tenir à la hauteur du sujet en le soumettant à une discussion loyale, je ne pouvais pas refuser d'étudier toutes les conséquences qui paraissaient découler de mon principe, quelles qu'elles soient. Un tel programme, je le sais, ouvre la porte aux objections et permet à la critique de s'exercer avec bien plus de sévérité. Mais je m'en console en pensant que mes erreurs même fourniront un moyen de relancer la discussion, donneront un nouvel attrait à l'étude du sujet, et serviront de cette façon à faire mieux connaître un problème si étroitement lié au bonheur de la société/ Dans le présent travail, je me suis un peu éloigné de mon Principe tel qu'il est exposé dans la première édition, puis que j'ai admis l'action d'un obstacle à l'accroissement de la population qui ne relève ni du vice, ni de la misère. A la fin, j'ai également adouci certaines conclusions, parmi les plus dures, de mon premier Essai. En agissant ainsi, je ne pense pas avoir trahi les principes d'un raisonnement juste, ni exprimé aucune opinion sur le progrès futur de la société qui soit démentie par l'expérience du passé. Quant à ceux qui s'obstinent à penser que tout obstacle à l'accroissement de la population est un mal pire que les malheurs auxquels il prétend remédier, je les renvoie aux conclusions de mon premier Essai, qui conservent toute leur force. En effet, celui qui adopterait une pareille opinion se verrait forcé d'admettre que la pauvreté et la misère des basses classes de la société sont absolument sans remèdes. J'ai mis tout le soin que j'ai pu à éviter dans mon travail des erreurs de faits positifs ou de calculs. S'il s'en était néanmoins glissé quelqu’une, le lecteur constatera qu'elle ne peut affecter de façon sensible le sens général de mon raisonnement. Je ne me flatte pas d'avoir toujours choisi les meilleurs matériaux, parmi la foule de ceux qui s'offraient à moi pour illustrer la première partie de mon exposé; je ne me flatte pas non plus de les avoir disposés dans l'ordre le plus clair. Mais j'espère que tous ceux qui s'intéressent aux questions morales et politiques me pardonneront, et qu'à leurs yeux la nouveauté et l'importance du sujet compenseront les imperfections de mon ouvrage. Londres, 8 juin 1803. ...

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