Auteur : Novak Charles
Ouvrage : Jakob Frank, Le faux messie Déviance de la kabbale ou théorie du complot
Année : 2012
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Le frankisme, un révélateur des déchirements de la vie juive au XVIIIe siècle. Nous souhaitons tout d’abord souligner la fulgurante ascension sociale des membres de la secte après leur conversion, dans les hautes sphères de l’aristocratie, de la politique, de l’art ou de la culture européennes. De par cette conversion collective, mystique et messianique, il nous apparaît que le mouvement frankiste fut révélateur des soubresauts et des déchirements de la vie juive dans le monde ashkénaze, au cours du XVIIIe siècle : pogroms, communautés décimées, tentation de l’assimilation ou de la résistance face au monde chrétien, misère sociale, non partage du savoir rabbinique ou orthodoxie, tous ces facteurs prouveraient un désir immédiat d’un sauveur, d’un Messie. Ce désir du Messie sauveur immédiat ou futur montrerait selon nous, à quel point le monde juif européen de l’époque est tourmenté et divisé. Le hassidisme et le frankisme naissent à quelques années d’intervalle et dans la même zone géographique. Ils sont « une vulgarisation de la Kabbale ». L’opposition apparente de ces deux mouvements peut laisser entrevoir que les choix pour survivre en tant que juifs1, furent extrêmes pour les Juifs d’Europe de l’Est. Depuis le XIXe siècle, de nombreuses études ont été réalisées sur le hassidisme du Baal Chem Tov, mais probablement pas assez sur le mouvement frankiste, l’autre facette des déchirements de la vie juive ashkénaze de l’époque, dont les sources sont rares. Le mouvement frankiste nous paraît fondamental dans l’histoire juive : si l’assimilation d’une part, face à une ferveur et une attente messianique d’autre part, représentent les deux faces d’une même crise, le frankisme nous semble symboliser l’ensemble de ces facteurs. Depuis la connaissance de l’existence du mouvement frankiste, beaucoup de chercheurs ont eu grand peine à l’étudier. Tout d’abord, il me semble capital de me libérer de l’opinion de Graetz, qui a vu le mouvement de Jacob Frank comme étant le mouvement hérétique, le plus nauséabond de l’histoire juive. Ceci a largement orienté les opinions futures. Ensuite, Kraushar, l’historien polonais du frankisme de la fin du XIXe siècle, s’est converti subitement au catholicisme, ce qui provoqua un choc dans le monde juif2. Ces deux faits, à quelque soixante années d’intervalle, ont terni, aux yeux de la recherche, l’image de ce mouvement. Depuis, ce n’est qu’avec recul et restriction que les chercheurs actuels se penchent sur ce sujet, voire ne s’y penchent pas du tout, comme Moshe Idel, spécialiste de la mystique juive, du hassidisme, et du sabbataïsme, jusqu’en 17503 ; ou encore, Gershom Scholem au début de ses recherches sur la mystique juive4. Et il n’y a, à notre connaissance, aucun chercheur sur le frankisme en France. Il me semble pourtant que ce sujet est un vaste champ de recherches pas assez approfondi, qui a considérablement marqué le monde juif d’une part, et le monde chrétien de l’autre. Il pose sous un nouvel éclairage les problématiques du converti, de la mystique juive, du messianisme et de la transmission de la Kabbale vers d’autres religions. ...
Demolins Edmond - Saint Louis
Auteur : Demolins Edmond Ouvrage : Saint Louis Année : 19881 Lien de téléchargement :...