Auteur : Puaux René
Ouvrage : Les études de la guerre Le mémoire du prince Lichnowsky
Année : 1918
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Dans la seconde semaine de mars 1918, le journal suédois Politiken, organe socialiste, commençait la publication d'un mémoire confidentiel, dû à la plume du prince Lichnowsky, ambassadeur d'Allemagne à Londres au moment de la déclaration de guerre. Ce mémoire était un réquisitoire implacable contre la politique impérialiste du cabinet de Berlin, responsable de la guerre européenne. La publication du Politiken embrassait cette période de l'histoire contemporaine dont le prince avait été témoin pendant son ambassade à Londres, de 1912 à 1914. L'organe socialiste suédois s'arrêtait au moment où la mort de l'archiduc François-Ferdinand à Serajevo devenait le prétexte du conflit austro-serbe. On aurait pu croire que le prince Lichnowsky n'allait pas plus loin dans l'examen critique des prodromes du drame si le vice-chancelier de l'Empire, M. von Payer, amené à s'expliquer, devant le Reichstag, sur ce scandale inattendu, n'avait parlé de chapitres encore inconnus, du moins en France et en Angleterre, des mémoires de l'ancien ambassadeur. En défendant la politique de M, de Bethmann-HoUweg et en cherchant à dégager la responsabilité de l'empereur, il révélait que le prince Lichnowsky avait parlé du Conseil de Potsdam du 5 juillet 1914 et de toute cette période qui précéda immédiatement la guerre, sans avoir arrêté son exposé au 28 juin, date de l'assassinat de l'archiduc, comme on le supposait à l'étranger. On apprenait du même coup que, si le vice-chanceher s'était engagé sur ce terrain particulièrement dangereux, ce n'était point de gaîté de coeur, mais parce que le mémoire du prince Lichnowsky était un document extrêmement connu en Allemagne, connu au point que les Allemands eux-mêmes, de l'aveu de la Gazette de Voss, s'étonnaient qu'une copie de ce réquisitoire n'eut pas depuis longtemps franchi la frontière pour être utilisé par les adversaires de l'Allemagne. Le prince avait en effet rédigé ce mémoire au mois d'août 1916, dans le calme de la retraite, à Kuchelna, sa propriété seigneuriale de Silésie. Tout d'abord destiné à justifier, vis-à-vis des siens, la politique qu'il avait suivie et dont la guerre avait été la négation, le mémoire, dont plusieurs exemplaires dactylographiés existaient, avait été communiqué à des personnalités qui, suivant la Gazette de Voss, en avaient fait le plus pernicieux usage pour attaquer les Hohenzollern et leur politique. Le document était tombé entre les mains d'un officier, le capitaine Beerfeld, ayant appartenu à la section politique du Grand Etat-Major, homme de conscience droite, qui fit reproduire l'exemplaire qui lui avait été prêté en communication. Une des copies fut transmise par les minoritaires allemands au groupe socialiste suédois, d'où l'indiscrétion. Du caractère confidentiel de copies dactylographiées ou manuscrites le mémoire du prince Lichnowsky était passé, entre temps, en Allemagne même, au caractère quasi-public. L'association (Bund) Neiges Vaterland, groupement libéral hostile à l'impérialisme, l'avait fait imprimer et le faisait distribuer parmi ses membres. Le vendredi 22 mars 1918, la police de Munich en faisait saisir 2.000 exemplaires. Mlle Eisa Bruck, secrétaire de l'association et le libraire Hencke furent traduits en cour martiale pour avoir répandu et mis en vente cet ouvrage, mais furent acquittés pour avoir agi de bonne foi mais sans discernement. Ce document était donc connu de tant de gens en Allemagne qu'il était impossible au vice-chancelier von Payer de ne discuter que les fragments reproduits par le Politiken de Stockholm. Peu à peu d'ailleurs le mémoire complet, par nouveaux fragments successifs, finit par être connu. Nous en publions ci-après le texte in extenso. On y verra que les extraits reproduits par les journaux contenaient d'extraordinaires contre-sens dus, sans doute, à des transmissions télégraphiques fautives ou à des traductions trop hâtives. Nous avons collationné avec le plus grand soin tous les textes et établi une version qui doit être à quelques détails près conforme au manuscrit original. ...
Demolins Edmond - Saint Louis
Auteur : Demolins Edmond Ouvrage : Saint Louis Année : 19881 Lien de téléchargement :...