Auteur : Zemmour Eric
Ouvrage : Un quinquennat pour rien Chroniques de la guerre de civilisations
Année : 2016
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Les drapeaux n’ont jamais été de simples morceaux de tissu. Dans l’histoire, les hommes les ont toujours confectionnés pour incarner des clans, des tribus, des peuples, des rois, des nations. On conserve pieusement les drapeaux pris à l’ennemi ; sur les champs de bataille, on défend farouchement son drapeau jusqu’à la mort. Le drapeau tricolore à la place des fleurs de lys annonçait la mort du roi, et en 1848, Lamartine a repoussé avec un lyrisme véhément le drapeau rouge. Quand un explorateur français ou anglais découvrait des terres d’Afrique ou d’Amérique, il plantait toujours le drapeau de son pays pour affirmer avec éclat sa conquête. Quand l’astronaute américain Armstrong a posé le premier pied humain sur la Lune, il a aussitôt déployé la bannière étoilée. Dans ses Mémoires, Raymond Aron nous explique que l’origine de la célèbre formule du général de Gaulle – qu’il avait lui-même contestée avec véhémence – sur les Juifs, « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » – provient de l’agacement qu’avait éprouvé le chef de l’État de voir des jeunes Français de confession juive déployer dans les rues de Paris le drapeau bleu et blanc d’Israël. Le drapeau est à la fois symbole d’allégeance et de conquête. Allégeance des hommes ; conquête des terres. Et lorsque nos gouvernants veulent instruire le peuple en dépit de ses votes référendaires hostiles à la Constitution européenne – « La France est notre patrie, l’Europe est notre avenir », selon le mot de Mitterrand –, ils arborent le drapeau marial aux douze étoiles sur la façade de tous les établissements publics. Le soir du 6 mai 2012, François Hollande fête son élection à Tulle en embrassant Valérie Trierweiler au son délicieusement désuet de l’accordéon, comme une évocation nostalgique des douces soirées du Front populaire. À Paris, les socialistes ont prévu de reprendre la Bastille. Il n’y tombe pas des trombes d’eau, comme le 10 mai 1981, mais une pluie d’oriflammes colorées. Quelques drapeaux rouges, bien sûr, mais surtout des drapeaux algériens, marocains, palestiniens, voire syriens, déployés par des jeunes hommes venus de banlieue en grappes joyeuses. Les rares étendards tricolores sont ensevelis par cette marée verte à croissant. Ce déploiement étranger tranche avec la forêt bleu, blanc, rouge qui faisait une haie d’honneur à Nicolas Sarkozy lors de son dernier meeting de campagne, quelques jours plus tôt, place du Trocadéro. Alors, le professeur Axel Kahn y avait vu une réminiscence des mises en scène nazies de Nuremberg ! En revanche, il ne trouva rien à redire à ces bannières arabes ostensiblement dressées place de la Bastille. Les médias de gauche étoufferont sous des cris d’orfraie moralisateurs les premières polémiques, qui s’éteindront vite. Ces étendards annonçaient pourtant le destin tragique qui marquerait le quinquennat de son sceau sanglant. La malédiction du Front populaire frappait à nouveau : trois ans après les premiers bains de mer, c’était le début de la Seconde Guerre mondiale. Trois ans après l’accordéon de Tulle et les drapeaux de la place de la Bastille, on tue dans les rues de Paris, et le Premier ministre Manuel Valls déclare aux Français que nous sommes « en guerre ». ...
Demolins Edmond - Saint Louis
Auteur : Demolins Edmond Ouvrage : Saint Louis Année : 19881 Lien de téléchargement :...