Arcand Adrien - L'inévitabilité d'une reconstruction sociale


Auteur : Arcand Adrien
Ouvrage : L'inévitabilité d'une reconstruction sociale
Année : 1967

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PRÉFACE "La question qui s'agite, est d'une nature telle qu'à moins de faire appel à la religion et à l'Église, il est impossible de lui trouver une solution efficace". "Assurément, une cause de cette gravité demande encore à d'autres agents leur part d'activité et d'efforts; nous voulons parler des gouvernants, des maîtres et des riches, des ouvriers eux-mêmes dont le sort est ici en jeu." -Léon XIII La vie est un mystère, la vie est irrationnelle justement parce que c'est un mystère. La vie est indépendante de la raison humaine, elle vient et évolue avec ou sans la raison. La raison peut tout au plus aider à orienter certains actes ou certaines phases de la vie, mais sans altérer en profondeur le destin que la Providence a assigné à la vie. Raison et logique sont des fonctions de l'esprit, des abstractions; la vie est réalité vibrante, influençante et influencée. Que de fois on entend une personne dire: "Qui aurait cru qu'un jour je serais rendu là, que j'aurais fait ceci, réussi cela, manqué dans telle entreprise! ", prouvant par là que la vie est indépendante de la logique et, même, non soumise à la raison; aidant aussi à prouver que la grâce de Dieu, Auteur de toute vie, est et reste l'unique élément auquel la vie peut être soumise. Le caractère illogique et irrationnel de la vie apparaît non seulement chez l'homme, mais aussi chez les peuples, les cultures et les civilisations, qui apparaissent ou disparaissent sans que la raison humaine puisse en donner d'explication satisfaisante. Si l'homme pouvait pénétrer le secret de la vie, lui arracher ses mystères, il pourrait faire plus que transmettre la vie, il pourrait la créer et en fixer le cours. Mais il ne pourra jamais atteindre à cette puissance exclusive du Créateur ni "ex-équer" cette prérogative de Dieu. C'est quand l'homme a voulu soumettre la vie --celle des hommes en particulier, celle des nations, celle de la société -à la raison, c'est-à-dire rationaliser vie, que le grand mal moderne a commencé. La première erreur du modernisme fut bien le rationalisme, qui consiste à faire dépendre la vie, son cours, son destin, de la raison humaine. Rationaliser un irrationnel! En deux mots peut s'expliquer le chaos d'où l'humanité paraît incapable de s'extirper, par ses propres moyens. Et l'unique appui qu'on peut supposer ou trouver pour le rationaliser, c'est le désir de se libérer de l'autorité que la raison ne peut comprendre, se libérer des mystères, de ce qui ne tombe pas sous la raison, des irrationnels; le désir vraiment luciférien de voir l'ego créé, qu'on ne peut pas donner soi-même, assumer l'autorité suprême et reconnaître comme loi ce que cet ego a décidé. C'est le libéralisme. Libéralisme et rationalisme (qui engendrent automatiquement le matérialisme, par voie de cause à effet) ont voulu régenter la vie, en déterminer le cours, en fixer le destin, la codifier, lui donner pour but "la poursuite du bonheur (en ce monde)" et pour fin à atteindre, l'établissement d'un paradis, non dans l'Au-delà, mais sur terre. La forme politique de ce défi au mystère et caractère irrationnel de la vie, est ce qu'on appelle communément D-É-M-O-C-R-A-T-I-E. Si saint Thomas d'Aquin disait que "en toutes choses, le meilleur gouvernement est celui d'un seul", aujourd'hui on enseigne que le meilleur gouvernement est celui de tous, du "peuple" de la foule anonyme. Autrefois, on enseignait que le gouvernant a l'autorité sur les gouvernés, aujourd'hui ce sont les gouvernés qui sont le "souverain" et qui génèrent l'autorité. On a donné au mot démocratie, la grandeur., la majesté, l'impératif d'un déisme. Tant est vrai qu'il faut un "dieu" même lorsque l'on a détrôné Dieu! Dieu existe encore dans le coeur des masses gouvernées, mais il n'existe pas dans la démocratie gouvernante, que ce soit la "démocratie populaire" d'au-delà ou la "démocratie capitaliste" d'en-deça du "rideau de fer"; car les postulats même de la démocratie (libéralisme, rationalisme) rejettent l'autorité de Dieu et encore plus l'idée de la Royauté du Christ sur les peuples comme sur les hommes. On ne peut définir le mot "démocratie", et quand on essaie de le faire, aucune définition ne correspond à la réalité. C'est donc un terme purement polémique, une abstraction. Et l'on sait que la réalité de la vie ne peut être conduite par des abstractions. Pourtant, la politique est une réalité, peut-être la plus importante des réalités pour l'existence de la société. Car, indépendamment des milliers de plans, programme et utopies qui se disputent l'adhésion des esprits, on réalise avec une brutale clarté que la politique peut non seulement bouleverser le monde par des guerres, mais encore détruire la religion, fermer les temples, les missions, tuer les religieux, dissoudre la famille, confisquer les biens, abolir le droit de propriété. Si les termes politiques sont généralement des abstractions creuses et des mots polémiques, il n'y en a pas moins quelque chose de tangible qui se cache derrière eux pour constituer la grande réalité politique. On nous dit qu'il y a la Franc-Maçonnerie universelle ou Contre-Église, qu'il y a le grand capital international, qu'il y a l'anti-christianisme messianique, qu'il y a toutes sortes d'organisations syndicales, sociales ou économiques ayant toutes une influence sur le jeu de la politique. Ce ne sont pas là des questions d'opinions. C'est vrai ou ce n'est pas vrai. Ce sont des faits ou ce sont des mythes. Ceux qui ont fait des études et publié des livres sur ces questions, affirment que c'est vrai; les influences mondiales dénoncées ou démasquées ne nient jamais; ou si elles nient, c'est avec si peu de bruit qu'on n'en entend pas les échos. S'il y a du libéralisme économique dans le monde, c'est parce qu'il y a au pouvoir un libéralisme politique qui le permet, qui légifère pour lui, au nom de "liberté du commerce", la liberté d'initiative", la "liberté d'action", S'il n'y avait pas d'abord de libéralisme politique, il n'y aurait pas, comme conséquence, de libéralisme économique. Nos sociologues attaquent avec beaucoup de vigueur le libéralisme économique (une conséquence), sans jamais l'identifier ni le localiser. Mais, dans une gêne timorée que l'on pourrait carrément appeler de la frousse, ils n'attaquent jamais le cause: le libéralisme politique. Ne serait-ce pas à cause de cette crainte (qui peut équivaloir à de la lâcheté ou de la trahison du christianisme), que les choses vont de mal en pis, que nos chefs sont en alarme et que l'ennemi gagne du terrain? Le libéralisme économique engendre le mal social par son mépris de l'être humain, qu'on estime être un capital, un élément production, un élément consommation, un terme de rendement, un quotient d'impôt, avant de le considérer comme une image même du Créateur, un être sublime appelé à être le cohéritier du Christ, vivant passagèrement sur cette terre dans l'unique but d'atteindre au bonheur céleste. Tout ce qu'on pourra dire ou écrire sur le mal social, sur les formules pour le guérir, sera temps et peine perdus aussi longtemps que ne sera pas corrigée sa cause: le libéralisme économique. De même, temps et peine perdus toutes les spéculations sur le libéralisme économique, simple fruit qui pousse sur l'arbre du libéralisme politique. Quand le libéralisme, déjà perdu dans la confusion, emmêlé à n'en plus sortir dans les filets de ses propres erreurs, aura fait son temps et aura croulé, on pourra espérer la reconstruction de la société sur des bases de vraie inspiration, de vraie justice et de vraie charité chrétiennes. En attendant, ce sont encore les poisons des Encyclopédistes, de leurs successeurs socialistes, communistes et marxistes, qui se partagent la direction politique du monde tant en Occident que dans les pays situés derrière les "rideau de fer" et de "bambou". Comme Dieu Lui-même, comme la vie, le christianisme est un mystère, fondé sur des mystères que seule la foi peut faire accepter par la raison. Seul le christianisme ne rationalise pas la vie. Seul il la vit, parce que sa source même, le Christ, est la Vie et le principe de toute vie. C'est pourquoi, seul il est apte à reconstruire le monde, la société, quand le château de bois vermoulu édifié par la petite raison humaine se sera écroulé. En attendant, on peut tâtonner, si l'on veut, autour de la Coopération, par exemple, qui ne peut bien fonctionner que comme outil adjuvant de la Corporation, puisque autrement la Coopération ne peut être qu'une pauvre et incomplète compétitrice du marchand ordinaire, établie sur des données identiques à celles des compagnies anonymes ou à fonds sociaux. Seule, la Corporation peut apporter ce dont on parle tant sans jamais le donner: la démocratie, en donnant à chaque classe sociale sa représentation politique (à la place des coteries partisanes), son pouvoir de légiférer sur ses propres problèmes, d'organiser la finance et l'économie de ses propres activités, de réglementer ses propres conditions, et inféodant les Corporations dans l'État lui même afin que, sur les grands problèmes politiques affectant la vie de toute la nation, les classes sociales puissent avoir, comme telles, leur voix délibérante dans les conseils de la nation. Mais Corporation et Démocratie libérale se contredisent formellement, tant dans leur origine, leur inspiration et leur opération que dans leur but propre, et la Démocratie libérale ne pourra jamais permettre, au nom de sa propre existence, l'établissement du Corporatisme. Comme pour la vie des hommes, la vie des Cultures et des Civilisations a une naissance, une enfance, une adolescence, une maturité, une vieillesse et une mort. La féodalité a passé par là. La démocratie libérale a passé tous ces stages, et tout ce qui se passe aujourd'hui à la surface de l'Histoire, indique bien clairement que le système qui nous a apporté tant de maux après avoir promis tant de paradis terrestres différents, est à l'agonie. Il faut attendre son trépas, dans les grandes secousses dont il a lui-même posé les conditions. Puis ce sera la vraie forme chrétienne de la justice sociale: le CORPORATISME, dans l'inéluctable et majestueuse résurgence de l'Autorité, celle des hommes qui ne rougira pas de s'exalter dans l'humilité de se subordonner à l'Autorité du Christ, Roi des hommes, Roi des peuples, Roi de la terre, Roi de l'univers. février 1967 Adrien ARCAND ...

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