Auteur : Sand Shlomo
Ouvrage : Comment le peuple juif fut inventé
Année : 2008
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Fabriquer des nations. Souveraineté et égalité. Depuis plus de un siècle, chercheurs et philosophes délibèrent sur la question de la nation, sans parvenir à trouver une définition claire et acceptée par tous. Il est probable qu'il faudra attendre la fin de l'ère nationale pour se rapprocher du consensus, une fois que la sage chouette de Minerve aura pris son envol et entièrement déchiqueté de son bec cette identité suprême et toute-puissante qui bride avec force l'ensemble des représentations collectives de l'époque contemporaine. Il est toutefois souhaitable qu'un essai historique, surtout s'il est susceptible d'éveiller la polémique, entame son parcours par un éclaircissement, même bref, des concepts de base sur lesquels il se fonde. Ce sera une démarche éprouvante, épuisante même. Néanmoins, la description du lexique et la clarification du dispositif conceptuel mis en oeuvre dans ce livre permettront peut-être d'éviter d'inutiles malentendus1. Le concept de « nation » est dérivé du bas latin natio. Sa source ancienne est le verbe nascere, dont le sens étymologique est « naître ». Jusqu'au XXe siècle, ce terme a été utilisé principalement pour caractériser des groupes humains de diverses tailles présentant des relations internes variées. Dans la Rome antique, par exemple, c'était le surnom habituel et courant des étrangers, mais il pouvait également désigner diverses espèces d'animaux. Au Moyen Âge, il pouvait représenter des groupes d'étudiants venant d'endroits éloignés. Dans l'Angleterre de la veille des temps modernes, il désignait les couches aristocratiques. Il servit parfois pour caractériser les populations possédant une origine commune et parlant souvent la même langue. Son utilisation est restée variée tout au long du XIXe siècle, et, jusqu'à aujourd'hui, sa signification éveille dissensions et polémiques. Comme l'a remarqué Marc Bloch, « au grand désespoir des historiens, les hommes n'ont pas coutume de changer de vocabulaire chaque fois qu'ils changent de moeurs2». On peut ajouter que l'une des sources de l'anachronisme dans la recherche historiographique est cette paresse humaine, si naturelle quand il s'agit de la création de concepts. Nombreux sont les termes qui, parvenus jusqu'à nous directement du passé, sont réutilisés à divers titres dans le présent et renvoyés vers l'histoire chargés d'un sens nouveau. C'est ainsi que le passé lointain se fait semblable à notre monde contemporain et plus proche de lui. Si nous suivons la succession des écrits historiques et politiques ou même les dictionnaires européens des temps modernes, nous y trouvons un déplacement permanent des frontières et du sens des concepts et des notions, en particulier de ceux qui ont pour but d'interpréter une expérience sociale mouvante1. Si nous nous accordons sur le fait que le substantif « caillou », par exemple, bien qu'il dépende du contexte, recouvre plus ou moins un objet défini et accepté, des concepts comme « peuple », « race », « nation », « nationalisme », « pays » et « patrie » ont revêtu, au cours de l'histoire, comme de nombreux autres termes abstraits, des significations innombrables, parfois contradictoires, quelquefois complémentaires, mais toujours problématiques. Ainsi le concept de « nation » a-t-il été traduit dans la langue israélienne moderne alternativement par leom et par ouma, provenant tous deux du riche lexique biblique2. Avant d'entrer dans le fond du débat sur le « nationalisme » et de chercher à caractériser la « nation », qui reste toujours rétive à une définition sans équivoque, il faut s'attarder sur deux autres concepts problématiques que les chercheurs continuent d'employer indifféremment avec une trop grande légèreté. ...
Gaidoz Henri - Etudes de mythologie gauloise
Auteur : Gaidoz Henri Ouvrage : Etudes de mythologie gauloise Année : 1886 Lien de téléchargement :...