Ambelain Robert - Le Martinisme contemporain et ses véritables origines


Auteur : Ambelain Robert (Aurifer)
Ouvrage : Les Survivances Initiatiques Le Martinisme contemporain et ses véritables origines
Année : 1948

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AVANT-PROPOS. Nous confions aux services d'études de l'A. R. O. T. et aux Editions de « Destins », la présente étude sur les origines véritables du Martinisme, ce vaste mouvement philosophique et mystique qui fut longtemps considéré par certains catholiques comme la synagogue diabolique où s'élaboraient les plus secrets mots d'ordre de la Franc-Maçonnerie. Ceux de nos lecteurs que la question intéresse plus particulièrement pourront se reporter à. l'ouvrage que nous venons de publier sur ce sujet, en cette simple brochure, destinée à préciser certains points restés obscurs des origines du Martinisme, à compléter tels des chapitres de notre livre, ou à corriger quelques erreurs involontairement commises sur ce sujet, nous n'aborderons point le côté doctrinal de cette école. C'est son seul aspect historique qui nous intéresse ici. En cela, nous nous conformerons à la règle également observée dans les études semblables, actuellement sous presse : la Rose-croix, la Gnose, la Franc-maçonnerie, le Compagnonnage. C'est pour -cela que nous avons dénommé cette petite collection : « Les Survivances Initiatiques d'Occident » . Et pour bien camper le climat dans lequel vont se générer nos observations, nos critiques, et nos conclusions, nous ne pouvons mieux faire que citer tels passages, du livre étonnamment clair de René Guénon, ouvrage après lequel il semble bien que le problème soit totalement épuisé quant aux principes même de l'Initiation. De l'avis de tous les familiers de ces questions, « Aperçus sur l'initiation » est un véritable « coutumier » initiatique, mieux encore, une « somme » ... Or, voici les conclusions de René Guénon sur les origines, la filiation, la régularité, de l'Initiation considérée en tant que principe transcendant d'évolution spirituelle, de véritable ferment transmutateur des âmes. « L'initiation implique trois conditions qui se présentent en mode successif, et qu'on pourrait faire correspondre respectivement aux trois termes de « potentialité », de « virtualité » et d' « actualité » : 1° La « qualification », constituée par certaines possibilités inhérentes à la nature propre de l'individu, et qui sont la materia prima sur laquelle le travail initiatique devra s'effectuer ; 2° la transmission, par le moyen du rattachement à une organisation traditionnelle, d'une influence spirituelle donnant à l'être, l' « illumination » qui lui permettra d'ordonner et de développer ces possibilités qu'il porte en lui ; 3° le travail intérieur par lequel, avec le concours d' « adjuvants ou de « supports » extérieurs, s'il y a lieu, et surtout dans les premiers stades, ce développement sera réalisé graduellement, faisant passer l'être, d'échelon en échelon, à trouver les différents degrés de la hiérarchie initiatique, pour le conduire au but final de la « Délivrance » ou de l' « Identité Suprême ». Le rattachement à une organisation traditionnelle régulière, avons-nous dit, est non seulement une condition nécessaire de l'initiation, mais il est même ce qui constitue l'initiation au sens le plus strict, tel que le définit l'étymologie du mot qui la désigne, et c’est lui qui est partout représenté comme une « seconde naissance » ou comme une « régénération » ; « seconde naissance », parce qu'il ouvre à l'être un monde autre que celui où s'exerce l'activité de sa modalité corporelle, monde qui sera pour lui le champ de développement de possibilités d'un ordre supérieur ; « régénération », parce qu'il rétablit ainsi cet être dans des prérogatives qui était naturelles et normales aux premiers âges de l’humanité, alors que celle-ci ne s'était pas encore éloignée de la spiritualité originelle pour s'enfoncer de plus en plus dans la matérialité, comme elle devait le faire au cours des époques ultérieures, et parce qu'il doit de conduire tout d'abord, comme première étape essentielle de sa réalisation, à la restauration en lui de l' « état primordial », qui est la plénitude et la perfection de l'individualité humaine, résidant au point central unique et invariable d'où l'être pourra ensuite s'élever aux états supérieurs. Il est trop évident qu'on ne peut transmettre que ce qu'on possède soi-même; par conséquent, il faut nécessairement, qu'une organisation soit effectivement dépositaire d’une influence spirituelle pour pouvoir la communiquer aux individus qui se rattachent à elle ; et ceci exclut immédiatement toutes les formations pseudo-initiatiques, si nombreuses à notre époque, et dépourvue de tout caractère authentiquement traditionnel., Dans ces conditions; en effet, une organisation initiatique ne saurait être le produit d'une fantaisie individuelle ; elle ne peut être fondée, à la façon d'une association profane sur l'initiative de quelques personnes qui décident de se réunir en adoptant des formes quelconques; et, même si ces formes ne sont pas inventées de toutes pièces, mais empruntées à des rites, réellement traditionnels, dont les fondateurs auraient eu quelque connaissance par « érudition », elles n'en seront pas plus valables pour cela, car, à défaut de filiation régulière, la transmission de l’influence spirituelle est impossible et inexistante, si bien que, en pareil cas, on n'a affaire qu’à urne vulgaire contrefaçon de l’initiation. A plus forte raison en est-il ainsi lorsqu'il ne s'agit que de reconstitutions purement hypothétiques, pour ne pas dire imaginaires, de formes traditionnelles disparues depuis un temps plus ou moins reculé, comme celles de l'Egypte ancienne ou de la Chaldée, par exemple. Ajoutons encore, commue autre conséquence de ce qui précède, que, lors même qu'il s'agit d'une organisation authentiquement initiatique, les membres n'ont pas le pouvoir d'en charger des formes à leur gré ou de les altérer dans ce qu'elles ont d'essentiel ; cela n'exclut pas certaines possibilités d'adaptation aux circonstances, qui d'ailleurs s'imposent aux individus bien plutôt qu’elles ne dérivent de leur volonté, mais qui, en tout cas, sont limitées par la condition de ne pas porter atteinte aux moyens par lesquels sont assurés la conservation et la transmission de l'influence spirituelle dont l'organisation considérée est dépositaire ; si cette condition n'était pas observée, il en résulterait une véritable rupture avec la tradition, qui ferait perdre à cette organisation sa « régularité ». En outre, une organisation initiatique ne peut valablement incorporer à ses rites des éléments empruntés à des formes traditionnelles autres que celle suivant laquelle elle est régulièrement considérée; de tels éléments, dont l'adoption aurait un caractère tout artificiel, ne représenteraient que de simples fantaisies superfétatoires, sans aucune efficacité au point de vue initiatique, et qui par conséquent n'ajouteraient absolument rien de réel, maris dont la présence ne pourrait même être, en raison de leur hétérogénéité, qu'une cause de trouble et de désharmonie ; le danger de tels mélanges est du reste loin d'être limité au seul domaine initiatique, et c'est là un point assez important pour mériter d'être traité à part. Les lois qui président au maniement des influences spirituelles sont d'ailleurs chose trop complexe et trop délicate pour que ceux qui n'en ont pas une connaissance suffisante puissent se permettre impunément d’apporter des modifications plus ou moins arbitraires à des formes rituéliques où tout a sa raison d'être, ou dont la portée exacte risque fort de leur échapper. Nous avons dit précédemment que l'initiation proprement dite consiste essentiellement en la transmission d'une influence spirituelle, transmission qui ne peut s'effectuer que par le moyen d'une organisation traditionnelle régulière, de telle sorte qu'on ne saurait parler d'initiation en dehors du rattachement à une telle organisation. Nous avons précisé que la « régularité » devait être entendue comme excluant toutes les organisations pseudo-initiatiques; c'est-à-dire toutes celles qui, quelles que soient -leurs prétentions et de quelque apparence qu'elles se revêtent, ne sont effectivement dépositaires d'aucune influence spirituelle, et ne peuvent par conséquent rien transmettre en réalité. Il est dès lors facile de comprendre l'importance capitale que toutes les traditions attachent à ce qui est désigné comme la chaîne initiatique, c'est-à-dire à une succession assurant d'une façon ininterrompue la transmission dont il s'agit ; en dehors de cette succession, en effet, l'observation même des formes rituéliques serait vaine, car il y manquerait l'élément vital essentiel à leur efficacité. Nous reviendrons plus spécialement par la suite sur la question des rites initiatiques, mais nous devons dès maintenant répondre à une objection qui peut se présenter ici : ces rites, dira-t-on n'ont-ils pas par eux-mêmes une efficacité qui leur est inhérente ? Ils en ont bien une en effet, puisque, sils ne sont pas observés, ou s'ils sont altérés dans quelqu'un de leurs éléments essentiels, aucun résultat effectif ne pourra être obtenu ; mais, si c'est bien là une condition nécessaire, elle n'est pourtant pas suffisante, et il faut en outre, pour que ces rites aient leur effet qu'ils soient accomplis par ceux qui ont qualité pour les accomplir. Ceci, d'ailleurs, n'est nullement particulier aux rites initiatiques, mais s'applique tout aussi bien aux rites d'ordre ésotérique, par exemple aux rites religieux, qui ont pareillement leur efficacité propre, mais qui ne peuvent pas davantage être accomplis valablement par n'importe qui ; ainsi, si un rite religieux requiert une ordination sacerdotale, celui qui n'a pas reçu cette ordination aura beau en observer toutes les formes et même y apportes l'intention voulue, il n'en obtiendra aucun résultat, parce qu'il n'est pas porteur de l'influence spirituelle qui doit opérer en prenant ces formes rituéliques comme support. Dans de telles conditions, il est facile de comprendre que le rôle de l'individu qui confère l'initiation à un autre est bien véritablement un rôle de « transmetteur », au sens le plus exact de ce mot ; il n'agit pas en tant qu'individu, mais en tant que support d'une influence qui n'appartient pas à l'ordre individuel ; il est uniquement un anneau de la « chaîne » dont le point de départ est en dehors et au-delà de l'humanité. C'est pourquoi, il ne peut agir en son propre nom, mais au nom de l'organisation à laquelle il est rattaché et dont il tient ses pouvoirs, ou, plus exactement encore, au nom du principe que cette organisation représente visiblement. Cela explique d'ailleurs que l'efficacité du rite accompli par un individu soit indépendante de la valeur propre de cet individu comme tel, ce qui est vrai également pour les rites religieux ; et nous ne l’entendons pas au sens « moral », ce qui serait trop évidemment sans importance dans une question qui est en réalité d'ordre exclusivement « technique », mais en ce sens que, même si l’individu considéré ne possède pas le degré de connaissance nécessaire pour comprendre le sens profond du rite et la raison essentielle de ses divers éléments, ce rite n'en aura pas moins son plein effet si, étant régulièrement investi de la fonction de « transmetteur », il l'accomplit en observant toutes les règles prescrites, et avec une intention que suffit à déterminer la conscience de son, rattachement à l'organisation traditionnelle. De là, dérive immédiatement cette conséquence, que même une organisation où il ne se trouverait plus à un certain moment que ce que nous avons appelé des initiés « virtuels. » (et nous reviendrons encore là-dessus par la suite) n'en demeurerait pas moins capable de continuer à transmettre réellement l'influence spirituelle dont elle est dépositaire ; il suffit pour cela que la « chaîne » ne soit pas interrompue ; et, à cet égard, la fable bien connue de l' « Ane portant des reliques » est susceptible d'une signification initiatique digne d'être méditée. Nous considérerons donc désormais le fait de « filiation » comme devant être établi par le moyen d'un cérémonial traditionnel, certifié par un document manuscrit quelconque ou la possession de « signes » et « mots » de probation régulièrement reconnue, émané d'un possesseur légitime de la dite filiation. Et nous considérons comme « irrégulière » une prétendue filiation qui ne reposerait que sur des affirmations gratuites, la possession d'archives (si rares et si respectables qu'elles soient), ou la détention d'instructions verbales ; dont la possession légitime et régulière resterait encore à prouver. ...

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