Brigneau François - Mais qui est donc le professeur Faurisson ?


Auteur : Brigneau François
Ouvrage : Mais qui est donc le professeur Faurisson ?
Année : 1992

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LA LEÇON DONNÉE AU PROFESSEUR Ce 16 septembre 1989, à une soixantaine de mètres de la bordure du parc, Faurisson aperçoit trois jeunes gens qui se disputent un ballon. Il n'y prête pas attention. Vaguement il se souvient qu'ils étaient grands, vêtus de jeans, l'air plutôt arabe pour deux d'entre eux. Il raconte : Quand je suis passé à leur proximité, le ballon m'est arrivé dans les jambes. Je l'ai repoussé du pied. L'un des jeunes gens m'a alors frappé violemment, à la mâchoire. Un coup de poing... Je suis tombé, en criant. A terre, ils m'on tabassé, à coups de pied, très fort, et en silence. Moi je continuais de crier. Eux ils continuaient de me shooter dans tout le corps, de la tête au ventre et aux cuisses, mais surtout à la tête. C'était d'autant plus douloureux que ma mâchoire avait été démantibulée dès le premier coup. J'essayais de me protéger le visage de mes mains, et le corps en me recroquevillant. Ça cognait toujours, à la volée, comme dans un sac. Ils voulaient m'achever à coups de pied. C'est la technique du «tabassage à mort». Comme dans la lapidation, la responsabilité d'un meurtre éventuel ne peut être attribuée à tel ou tel agresseur. Les poursuites judiciaires seront entamées pour «coups et blessures», non pour «tentative d'assassinat». On correctionnalise le crime. Les Assises sont évitées. Ses cris sont entendus. D'abord par Mme Faurisson. Leur maison se trouve à une centaine de mètres. Elle accourt. Elle voit la scène. Deux pêcheurs également alertés ont laissé leurs cannes. Ils foncent sur les bastonneurs, qui abandonnent leur proie et détalent. L'un des pêcheurs est un gaillard de 18 ans, un lycéen qui approche les deux mètres. Il rejoint l'agresseur le moins leste. Il l'empoigne par son blouson. Les deux autres s'arrêtent. Ils reviennent sur leurs pas, menaçants. Le lycéen relâche sa prise. Le trio reprend son galop et disparaît. A sa sortie de l'hôpital, Robert Faurisson vint remercier son jeune sauveteur et lui offrir une immense boîte de chocolats. Le jeune homme ne lui cacha pas à quel point il s'en voulait de l'avoir sauvé. Un an plus tard, Robert Faurisson le retrouva sur les bords de l'Allier. Il faisait des études de chimie à Grenoble. Il n'avait pas changé d'avis sur le professeur. Ce sont des faits—«des petits faits vrais», disait Taine—qui peuvent marquer autant que les coups. Mais je vais trop vite. Robert Faurisson est toujours allongé sur l'herbe du parc. Le visage tuméfié et couvert de sang, le corps comme disloqué, il n'a pas perdu connaissance. Mme Faurisson se trouve près de lui. Un peu plus loin se tient Athéna-Pupuce. Elle est comme pétrifiée. Plus d'un mois après le retour de son maître, elle se refusera à lui parler. Remarque de Faurisson : —Je me demande si mes cris ne l'avaient pas effrayée. Peut-être a-t-elle cru que c'était après elle que j'avais L'ambulance des pompiers arrive. En y portant le professeur, on s'aperçoit qu'il a été gazé, à la bombe — allusion sans doute, et signature...—, si fort que l'infirmier ne peut rester à ses côtés. Il faut aérer l'ambulance et attendre la police. Elle est occupée ailleurs. Claude Malhuret, maire de Vichy, reçoit François Léotard et quelques amis politiques. Michel Noir, ancien champion d'aviron, participe à une manifestation de ce sport sur l'Allier. Il importe d'assurer leur protection. Rien ne presse pour Faurisson. C'est le chauffeur de l'ambulance qui, las d'attendre, prévient par radio qu'il s'en va et démarre. Direction le centre hospitalier de Vichy pour les premiers soins et radios. C'est si grave que le blessé est dirigé sur l'Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand. Avant qu'il n'y soit admis pour y subir une intervention chirurgicale de quatre heures, l'AFP reçoit le communiqué suivant: Ce matin, à 9 h 30, trois militants de l'association «Les Fils de la mémoire juive» ont corrigé le négateur Faurisson à Vichy dans le parc de la ville. Cet individu est à l'origine, par ses mensonges, de l'affaire du Carmel d'Auschwitz, qui divise gravement les communautés juive et catholique. Nous avons voulu, par ce geste symbolique, montrer que la communauté juive ne se laisse pas faire. Le professeur Faurisson est le premier mais ne sera pas le dernier. Que les négateurs de la Shoah soient prudents ! Mentir ne pourra plus se faire impunément. Les Fils de la Mémoire juive ne figurent pas au répertoire des associations juives, pourtant fort nombreuses car leur existence justifie les subventions. Cette dénomination n'est pourtant pas sans rappeler l'association de Serge Klarsfeld : «Fils et Filles des déportés juffs de France» et celle de l'association de Marc Bitton : «Les Enfants de la Mémoire juive» (enfants de la deuxième génération des déportés juifs). Pour prendre bien conscience de l'époque et de l'esprit de nos moeurs, il est utile de noter les réactions. D'abord celle de la justice Le procureur de Cusset (Allier) a ouvert une information pour coups et blessures, dit Robert Faurisson. J'ai déposé plainte par l'intermédiaire de mes deux avocats: Me Delcroix, à Paris, et Me Nourissat, à Cusset. Un juge d'instruction a été désigné: Mlle Rubantel. Après des tergiversations, mon affaire a été confiée pour enquête à M. Chauchard qui appartient au Service régional de la police judiciaire de Clermont-Ferrand. Cet inspecteur de police jouit d'une bonne réputation mais son équipe est squelettique et ses moyens dérisoires. Il a un inspecteur à ses côtés, qui traitait une vingtaine de dossiers en septembre 1989. Je n'ai donc pu compter que sur 1/10éme de policier. Si Serge Klarsfeld avait été la victime, de nombreuses équipes d'enquêteurs auraient été sans nul doute requises pour s'occuper de son affaire à temps complet. Les hommes publics et les médias auraient réagi avec indignation à l'attentat. De Los Angeles à Tel Aviv, en passant par New York, selon le scénario habituel, on aurait poussé des gémissements et on aurait appelé à la vindicte internationale. On aurait été en «état de choc». François Mitterrand ou son épouse se serait peut-être rendu au chevet de la victime. La photo du visage tuméfié, déformé et ensanglanté de Klarsfeld aurait été reproduite dans toute la presse. La photo de mon visage tuméfié, déformé et ensanglanté a été, me dit-on, refusée par l'Agence France-Presse (AFP). L'enquête de police s'est essentiellement réduite à quelques déplacements à Paris, brefs et sans résultat. J'ai livré un important indice sur celui que je pense être le complice local de mes agresseurs. Il aura certainement un alibi «en béton». Par ailleurs, j'ai dit quel était, à mon avis, l'inspirateur de toute l'action. Les inspecteurs ne l'ont pas interrogé. Le juge d'instruction ne dispose que de trois pièces dans mon dossier : ma déposition, celle de ma femme et une note concernant le ballon de foot-ball trouvé sur place. Ce juge aura attendu près de vingt mois avant de me convoquer. J'entre dans la pièce. Trois femmes, le visage fermé : ma juge, sa secrétaire, une représentante de la procureuse. Ma juge, 28 ans, ne se lève pas même pour accueillir un homme de 63 ans, qui a failli perdre la vie dans cette affaire. L'air rogue, elle m'interroge comme un criminel. Elle m'annonce qu'on s'achemine vers un non-lieu. Elle ne connaît pas son dossier. Dans le procès-verbal, elle déforme, avec insistance, mes propos. Je signerai, par mépris. Elle me signifie mon congé, replonge dans ses dossiers. J'ai réclamé une enquête poussée dans le milieu du terrorisme juif : Bétar, Tagar, milices chères à Madame FabiusCastro. L'idée n'a pas plu. Cette tentative de lynchage inspira peu les moralistes politiques, si éloquents après Carpentras. Par respect du secret de l'instruction, sans doute, ils s'imposèrent un silence émouvant. Il n'y eut, à ma connaissance, que trois exceptions. Toujours soucieux de références bibliques, François Léotard justifia l'agression en citant approximativement (« Puisqu'ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête », Osée, VIII, 7) l'Ancien Testament. Il dit: —Qui sème le vent récolte la tempête ! Claude Malhuret dénonça la violence. Il ne pouvait moins faire. Maire de Vichy et médecin, ses administrés, qui sont aussi ses électeurs, auraient mal compris qu'il se taise quand, dans un parc de sa ville, un professeur d'université française, âgé de soixante ans, était grièvement blessé par trois vigoureux activistes. ...

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