Auteur : Ducret Alix
Ouvrage : Les mythologies Grecque - Romano-Etrusque - Scandinave - Celte - Egyptienne
Année : 2008
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Se lancer dans l'étude de la mythologie, ou même des mythologies, est un exercice déjà ancien. Presque aussi ancien que les mythologies elles-mêmes. Et c'est un exercice commun ; si commun d'ailleurs que les principaux personnages de ces mythologies paraissent familiers. Alors pourquoi un autre dictionnaire de mythologie ? Et pourquoi un dictionnaire de mythologie comparée ? Georges Dumézil (1898-1986), le premier, a mis en exergue les points communs entre les différentes mythologies indo-européennes ; des mythologies qui, selon lui, participent d'un plan commun avec des divinités réparties en trois fonctions : la fonction régalienne, la fonction guerrière et la fonction commerciale ou artisanale. Trois fonctions qui sont également celles de la société. Mais l'étude de Dumézil, la comparaison effectuée, se limitait presque exclusivement à cette répartition des tâches. Or il y a d'autres points communs, comme il existe une autre lecture des différentes mythologies. Des mythologies qui ont elles-mêmes évolué ... Qu'il s'agisse des mythologies grecque, celte, scandinave ou romano-étrusque, il apparaît clairement que les dieux ont eu plusieurs vies. Toutes, en effet, font état d'une race ancienne de dieux, une race finalement vaincue par celle qui, dans leur sphère propre, finira par faire l'objet de toutes les faveurs. Zeus, Odin, Lug sont les fils des anciens dieux et les divinités principales des peuples qui les adorent. Et si les rapports existent entre les familles divines les plus récentes, ils sont infinis entre les divinités archaïques. Des divinités anciennes qui, toutes, plongent leurs racines au plus profond de la terre. Dans les deux sens du terme ... De fait, ces divinités anciennes sont profondément liées au monde des morts et de la vie. La terre est alors la nourricière, la pourvoyeuse de biens et le réceptacle des corps et des âmes. Mort et vie sont indissociables dans ce monde-là parce que c'est un monde naturel avant tout. Aussi parce que, depuis longtemps déjà, la mort n'apparaît pas comme la fin de toutes choses mais bien comme le commencement d'une nouvelle vie. Gabriel Camps, un préhistorien célèbre, affirme que l'on peut « dater )) le passage de l'hominidé à l'être humain proprement dit à la notion qu'il a de l'Au-delà. Les premières tombes, les premiers rituels seraient donc la preuve évidente de l'humanité, de la conscience humaine ou de son intelligence. Comment s'étonner, dès lors, que les civilisations les plus anciennes aient donné la priorité à la mort et à l'après-mort ? Et c'est exactement ce que l'on constate lors de l'étude des mythologies archaïques. Une étude qui trouve également son plus grand intérêt dans la comparaison entre ces différentes mythologies archaïques qui toutes témoignent de la croyance profonde de l'homme en l'éternité. Ce point commun est évident mais il n'est pas le seul que cette étude ait permis de mettre en exergue. En effet. si la mort est universelle et la croyance en une vie dans l'Audelà également. rien ne permet alors de dire que ces mythologies sont communes ou ont un socle commun comme le prétendait Dumézil. Nombre d'historiens, d'ailleurs, ont longtemps combattu la théorie de Dumézil en se basant sur l'unicité de son argumentaire. La récurrence des trois fonctions pouvait-elle s'expliquer uniquement par une religion unique ou tout simplement fallait-il y voir la transposition, dans l'univers mythologique, d'une réalité humaine ? De la même façon, la croyance en l'Au-delà, s'il est prouvé qu'elle date des premiers hommes - ne surnomme-t-on pas l'homme de Néanderthal " homo religiosus " ?, ne doit-elle pas logiquement se retrouver dans toutes les religions, toutes les mythologies ? Reste la " forme " de cette vision. Et sans doute est-ce là que se trouve la preuve la plus évidente d'une religion originelle commune, d'une mythologie première. Car toutes les mythologies indo-européennes - celte, scandinave, grecque ou romano-étrusque - sont également des mythologies de la Mater prima, de la Déesse-mère. Toutes affirment la réalité d'une divinité originelle unique, naturelle. Toutes voient dans cette divinité primitive le principe unique de toutes choses. La Terre, réalité cosmique, pourvoyeuse de vie et de fertilité, apparaît également comme le réceptacle d'une humanité appelée à se régénérer en son sein. La Terre fait l'homme, le nourrit et recueille son corps, parfois son âme. C'est certainement là que se trouve le principal point commun entre les différentes mythologies étudiées dans ce dictionnaire. Là et dans le devenir de cette divinité archaïque qui, de divinité unique, va devenir une divinité aux multiples visages avant d'être dotée d'enfants, d'ersatz, de complices divers; avant enfin d'être détrônée par les divinités les plus récentes, les plus éloignées aussi de cette vision, simple et naturelle, du monde divin. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
Auteur : Aubert Edouard Ouvrage : La vallée d'Aoste Année : 1860 Lien de téléchargement :...