Dick Kindred Philip - Mini-révolte


Auteur : Dick Kindred Philip
Ouvrage : Mini-révolte
Année : 1952

Lien de téléchargement : Dick_Kindred_Philip_-_Mini-revolte.zip

L'homme était assis sur le trottoir et maintenait la boite fermée avec ses mains. Impatiemment, le couvercle se soulevait, luttant contre la pression de ses doigts. – Très bien, murmura l'homme. La sueur roulait sur son visage. Il ouvrit lentement la boite, les doigts barrant la fente. De l'intérieur venait un crépitement métallique, une vibration insistante, qui s'exaspéra lorsque le soleil filtra dans la boite. Une petite tête ronde et brillante apparut, puis une autre. Puis encore d'autres têtes, par saccades, curieuses, fureteuses, qui se disloquaient le cou pour mieux voir. – Je suis le premier, crissa l'une des têtes. Suivit une courte bousculade à laquelle mit fin un accord rapidement établi. L'homme assis sur le trottoir souleva le petit bonhomme de métal avec des mains tremblantes. II le posa sur le sol et le remonta gauchement, avec des doigts gourds. C'était un soldat peint de couleurs vives, avec casque et fusil, debout au garde-à-vous. Lorsque l'homme tourna la clé, les bras du petit soldat s'agitèrent de haut en bas. Le long du trottoir, deux femmes s'avançaient en conversant. Elles abaissèrent des yeux curieux sur l'homme et le petit pantin brillant dans ses mains. – Cinquante cents, murmura l'homme. Offrez à votre enfant quelque chose pour... – Attends ! dit une minuscule voix métallique. Pas elles ! L'homme s'interrompit brusquement. Les deux femmes échangèrent un regard puis fixèrent de nouveau le petit pantin de métal. Elles s'en furent d'un pas pressé. Le petit soldat examina la rue, suivant de l’oeil les passants. Soudain il se mit à trembler, murmurant des mots pleins de hargne de sa voix de crécelle. – Maintenant ! L'homme eut une contraction de la gorge. – Pas le gosse, dit-il, la langue épaisse. Il voulut immobiliser le pantin, mais des doigts de métal plongèrent promptement dans sa main. Il poussa un cri étouffé. – Dis-leur de s'arrêter ! grésilla le pantin. Oblige-les à s'arrêter ! Le petit bonhomme de métal se dégagea et s'éloigna sur le trottoir de son pas cliquetant, les jambes raides. L'enfant et son père ralentirent le pas et s'arrêtèrent, intéressés. L'homme assis eut un pâle sourire ; il regardait le pantin qui s'approchait d'eux, balançant les bras alternativement de bas en haut. – Offrez un jouet à votre petit garçon. Un passionnant compagnon de jeux. Il lui tiendra compagnie. Le père sourit, suivant de l’oeil le pantin qui marchait vers sa chaussure. Le petit soldat heurta le soulier. Bruit d'engrenages et cliquetis. Il cessa de bouger. – Remontez-le ! cria le petit garçon. Le père ramassa le pantin. – Combien ? – Cinquante cents. Le marchand se leva en chancelant, serrant la boite contre lui. – Il lui tiendra compagnie. Il l'amusera. Le père fit tourner le pantin dans sa main. – Alors, tu le veux, c'est bien sûr, Bobby ? – Oh ! oui, remonte-le ! Bobby tendit la main vers le petit soldat. – Fais-le marcher ! – Je l'achète, dit le père. Il enfonça la main dans sa poche et tendit à l'homme un billet d'un dollar. Maladroitement, en détournant la tête, le marchand rendit la monnaie. La situation était excellente. Le petit pantin, étendu bien calme, repassait les événements dans sa tête. Toutes les circonstances avaient concouru pour produire le meilleur résultat. L'Enfant aurait pu ne pas vouloir s'arrêter ; l'Adulte aurait pu manquer d'argent. Bien des difficultés auraient pu se produire ; c'était terrible rien que d'y penser. Mais tout s'était passé à la perfection. Étendu à l'endroit où on l'avait déposé, à l'arrière de ta voiture, le petit pantin levait en l'air des yeux pleins de contentement. Il avait correctement interprété certains signes : les Adultes contrôlaient la situation, et c'est pourquoi les Adultes avaient de l'argent. Ils avaient la puissance, mais du fait de cette puissance, il était difficile de parvenir jusqu'à eux. Avec les Enfants, c'était différent. Ils étaient petits, et il était plus facile de leur parler. Ils acceptaient tout ce qu'on leur disait et se conformaient aux ordres qu'on leur donnait. C'est du moins ce qu'on disait à l'usine. ...

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