Histoire Ebook

Auteur : Revue du monde catholique
Ouvrage : Le Veuillot du Canada
Année : 1907

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Le Canada est une colonie anglaise située au nord de l'Amérique, entre le détroit de Behring, la Baie d'Hudson et Terre-Neuve. Aux yeux d'un pauvre ignorant, aussi faible de cœur qu'il était malin d'esprit, cette région se représentait par quelques arpents de neige ; aujourd'hui, sous le titre inintelligible, prophétique peut-être, de Dominion, cette colonie, partagée en sept ou huit provinces, arrosée par un grand fleuve, sillonnée de chemins de fer, habitée par une population religieuse, active et prolifique, commence à devenir un peuple. Ses amis lui souhaitent de constituer, près du pôle, une nouvelle France, de s'inspirer de l'esprit apostolique et d'assurer, dans le nouveau monde, le triomphe de l'Eglise. Cette espérance est contrariée par les divisions du pays. Là-bas, sous les dénominations hostiles de conservateurs et de libéraux, les hommes qu'anime la passion terrible du pouvoir souverain, se disputent et se déchirent entre eux, moins pour les intérêts du pays que pour leurs propres intérêts, ou plutôt, contre l'intérêt privé et public, au bénéfice, toujours compromettant, de leurs passions respectives. De plus, la vieille foi catholique s'y voit contrariée par les hérésies récentes du libre examen et de la libre-pensée. L'éloignement du pays, sa 'situation géographique le condamnent d'ailleurs à rester comme étranger au reste du monde; enseveli pendant plus de six mois sous ses neiges, il semble n'avoir que plus d'ardeur pour ses disputes et plus de faiblesse au service de la vérité. La presse, aux mains des partis politiques et des divisions religieuses, n'est au Canada, comme ailleurs, qu'un élément de ténèbres, un ferment de division et une excitation aux stériles combats. Pendant trop longtemps l'Eglise, seule puissance capable de mettre Tordre dans ce désordre, n'avait même pas, dans la presse, d'organe catholique. La défense de l'Eglise, pour la part afférente au peuple chrétien, n'avait sollicité le zèle d'aucun publiciste de marque ; elle n'avait même pas, dans Tordre mystique, ces humbles feuilles qui servent d'aliment à la piété. Quant à la mission apologétique du clergé et de l'épiscopat, elle était oubliée ou méconnue, sous l'influence lointaine des aberrations gallicanes, et sous l'impression plus funeste des thèses du libéralisme. Pour comble, brochant sur le tout, les Juifs et les Francs-maçons arrivaient, à la dérobée, comme en se cachant, les uns pour voler le pays, les autres pour le pervertir. C'est alors que Dieu donna, à ce pape si tristement éprouvé dans sa foi, si menacé dans ses intérêts, le Veuillot du Canada, c'est-à-dire l'homme pour qui toute la politique devait consister dans la défense des dogmes de l'Eglise et des prérogatives de la Chaire Apostolique. Nous avons nommé Jules-Paul Tardivel. ...