Olivier M. G. - Recherches sur l'origine des berbères


Auteur : Olivier M. G.
Ouvrage : Recherches sur l'origine des berbères
Année : 1867

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On s’accorde volontiers à admettre, aujourd’hui, que le Sahara était primitivement une mer ; que la Tunisie, l’Algérie et le Maroc formaient alors une presqu’île, désignée sous le nom de Berbérie, longue bande de terre jointe à l’Espagne par un isthme situé où s’est ouvert depuis le détroit de Gibraltar. Par contre, le véritable continent africain commençait seulement au pied du Djebel-el-Kamar. Les récentes et si curieuses observations malacologiques de M. Bourguignat semblent confirmer ces données en établissant que le contour des derniers contreforts méridionaux de l’Atlas, ancienne plage de la mer saharienne, a précisément la même faune conchyliologique que les côtes septentrionales de notre Berbérie baignées par la Méditerranée. Pour augmenter encore la consistance de cette induction, il resterait à constater qu’une faune à peu près identique se retrouve sur la rive sud de la mer saharienne, rive nord de l’ancien continent africain. On y arrivera probablement un jour. Dans l’hypothèse que je viens d’exposer sommairement, on suppose aussi que les îles composant à cette heure le groupe des Canaries et celui des Açores, sont des sommets de montagnes, surnageant au-dessus de l’abîme, de deux continents submergés avec l’Atlantide, à l’époque même où, par un mouvement de bascule, un relèvement de terrains faisait de la mer saharienne un désert de sable. Ces continents étaient-ils reliés à l’Atlantide, en étaient-ils indépendants ? D’après leur faune malacologique, M. Bourguignat pense qu’ils en étaient indépendants. Quels hommes ont y habité ces contrées, alors que la nature les modifiait si étrangement, ou les ont envahies après ces modifications, pour former la première assise de leurs habitants actuels ? Ces hommes étaient-ils demeurés réfugiés dans tes hauts plateaux de l’Atlas que le cataclysme n’avait pas ébranlés, en admettant que cette révolution soit le résultat d’un cataclysme et non d’un lent travail de, la mature ; se sont-ils emparés de la Berbérie après l’apaisement ? Venaient-ils de l’occident à travers le détroit nouveau creusé par l’océan ? sortis de l’Asie, comme toutes nos races européennes actuelles, avaient-ils gagné, à travers l’Égypte et les plages sablonneuses de la grande Syrte, la Berbérie raffermie sur ses bases ; ou bien enfi n, issus de l’ancien continent africain, avaient-ils poursuivi jusqu’au delà du désert la mer qui les avait fui ? Problèmes diffi ciles sinon impossibles à résoudre. Cependant, ignorants que nous sommes de ce que l’avenir nous garde de lumières inattendues, nous devons marcher courageusement en avant dans la voie de la science, si obscure qu’elle nous paraisse au départ. Marchons donc. Quels qu’aient été les premiers habitants de la Berbérie et quel qu’ait été leur berceau, on les désigne sous le nom de Berbères, et l’on est convenu d’appliquer ce même nom aux Touaregs égarés dans le désert, aux Kabiles étagés dans les montagnes de notre province, et enfi n à la plupart des indigènes qui, mêlés aux conquérants arabes, n’ont pas cessé de cultiver les plaines comprises entre Bône, Constantine et Bougie. C’est l’opinion de l’un des plus studieux investigateurs de l’histoire de notre Algérie, M. le baron Aucapitaine, membre correspondant de l’Académie d’Hippone. « Quant aux provinces de Constantine et de Bougie, dit-il dans une Notice ethnographique sur l’établissement des Arabes dans la province de Constantine, elles restèrent, sous la domination des Arabes Riah, la demeure des anciens peuples de race berbère, qui l’habitaient primitivement et que nous y retrouvons aujourd’hui.» Et plus bas : « On peut avancer qu’il en fut des Arabes autour de Constantine comme des Francks en Gaule; quoique la nation ait gardé le nom des envahisseurs, le fond de la population, à bien peu d’exceptions près, est presque entièrement formé par les descendants des vaincus. » D’accord sur ce qu’il faut entendre par Berbères, cherchons d’où ils procèdent. Des esprits, excellents d’ailleurs, regardent les Ibères et les Berbères comme des débris de la race atlante qui auraient occupé à un moment donné la presqu’île ibérique et son annexe la Berbérie. Jusqu’à présent on ne sait rien des Atlantes ; tout point de repère et de comparaison manque; on ne peut donc que conjecturer. Aussi d’autres, moins affirmatifs, se bornent-ils à supposer qu’Ibères et Berbères sont également de famille occidentale, mais sans leur prêter ni point de départ ni route déterminés. Rien ne s’oppose à ce qu’Ibères et Berbères soient parents ; la terminaison identique des deux noms pourrait annoncer deux branches d’une même souche ; Berbère pourrait même signifier à la rigueur, Ibère du dehors. Mais il n’y a là que de bien légers indices. Quoiqu’il, en soit, et à défaut de données positives, il serait naturel, si l’on devait s’en tenir à la ressemblance des noms, d’affilier les Ibères du continent hispanique aux Ibères du Caucase. Ceux qui, à priori, veulent qu’Ibères et Berbères aient eu pour berceau l’ouest de l’Europe, appuient leur supposition principalement sur les deux faits suivants : d’une part, qu’il existe sur la côte africaine des dolmens, monuments propres aux races occidentales ; de l’autre que la langue berbère n’a pas d’analogues en Asie. L’existence des dolmens en Afrique semblerait en effet relier les Berbères aux Celtes, ou même à une race antérieure à ceux-ci, race que leur invasion en Europe aurait éparpillée et projetée partie au nord et à l’est de l’Europe, partie, peut-être, sur la côte africaine. Rien jusqu’ici ne dément ou ne confirme ces hypothèses ; rien surtout ne permet encore de préjuger quelle durée et quel caractère aurait eus, sur notre sol, le séjour de ces bâtisseurs de dolmens: l’affinité linguistique du berbère aurait plus de portée, mais, à cette heure, personne que nous sachions n’a osé se prononcer sur sa filiation glossologique. Qu’importe au surplus que dans les veines des populations berbères il conte ou non quelques gouttes plus ou moins altérées de sang atlante ou ibérique ? Tant de siècles se sont écoulés depuis le temps où l’Ibérie et la Berbérie se touchaient par l’isthme de Gibraltar ! tant de peuples se sont, depuis lors, choqués, superposés, mêlés sur tous les bords de la Méditerranée, qu’il est bien malaisé de rien entrevoir dans les profondeurs de ce passé antétraditionnel. D’ailleurs, un peuple n’existe que du jour où il forme une société ; c’est-à-dire du jour où il adopte une langue, des coutumes et des usages communs. Je nomme la langue la première, Comme l’élément le plus sérieux. Aussi me proposais-je de faire de l’idiome: de nos indigènes la matière d’une étude spéciale et d’un article à part. Aujourd’hui je veux seulement examiner de quels peuples anciens, les indigènes qui m’entourent et au milieu, desquels je vis depuis tout à l’heure vingt ans, se rapprochent plus particulièrement, par les traits du visage, les usages et ses habitudes. C’est l’objet du présent travail, et voici à quelle, occasion j’en ai conçu la pensée. ...

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