Auteur : Applebaum Anne
Ouvrage : Famine rouge La guerre de Staline en Ukraine
Année : 2017
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Préface. Ce ne sont pas les signes avant-coureurs qui manquèrent. Dès le début du printemps 1932, les paysans ukrainiens commencèrent à mourir de faim. Les rapports de la police secrète et les lettres envoyées des districts céréaliers de toute l’Union soviétique – Caucase du Nord, région de la Volga, Sibérie occidentale – évoquaient des enfants au ventre gonflé par la faim ; des familles qui mangeaient de l’herbe et des glands ; des paysans fuyant leur foyer à la recherche de nourriture. En mars une commission médicale trouva des cadavres gisant dans la rue d’un village près d’Odessa. Personne n’avait la force de les enterrer. Dans un autre village, les autorités locales tâchèrent de cacher la mortalité aux étrangers, niant ce qui se passait sous les yeux mêmes des visiteurs. Certains écrivirent directement au Kremlin, demandant une explication : Honorable Camarade Staline, existe-t-il une loi du gouvernement soviétique stipulant que les villageois doivent souffrir de la faim ? Car nous, travailleurs des fermes collectives, n’avons pas eu une tranche de pain depuis le 1er janvier… Comment construire l’économie populaire socialiste si nous sommes condamnés à mourir de faim, la prochaine moisson étant dans quatre mois ? Pourquoi être allés mourir sur les champs de bataille ? Pour souffrir de la faim, voir nos enfants périr dans les affres de la faim ? D’autres ne pouvaient croire que l’État soviétique fût responsable : Tous les jours, dix à vingt familles meurent de faim dans les villages, les enfants s’enfuient et les gares débordent de villageois en exode. Il n’y a plus de chevaux ni de bétail à la campagne... La bourgeoisie a provoqué ici une véritable famine, dans le cadre du plan capitaliste pour dresser toute la classe paysanne contre le gouvernement soviétique. Ce n’est cependant pas la bourgeoisie qui avait provoqué la famine. La désastreuse décision prise par l’Union soviétique de forcer les paysans à céder leur terre et à rejoindre les fermes collectives, l’expulsion des « koulaks », les paysans les plus aisés, et le chaos qui s’ensuivit étaient en dernier ressort de la responsabilité de Joseph Staline, secrétaire général du Parti communiste soviétique : c’est cette politique qui avait conduit la campagne au bord de la famine. Tout au long du printemps et de l’été 1932, de nombreux collègues de Staline lui adressèrent de toute l’URSS des messages urgents décrivant la crise. Les responsables du Parti communiste en Ukraine étaient particulièrement désespérés, et plusieurs lui écrivirent de longues lettres, implorant de l’aide. Beaucoup crurent, à la fin de l’été 1932, qu’une tragédie plus grande était encore évitable. Le régime aurait pu faire appel à une aide internationale, comme lors de la famine précédente en 1921. Il aurait pu suspendre l’exportation de céréales, ou cesser totalement les réquisitions punitives de céréales. Il aurait pu aider les paysans des régions touchées par la famine – ce qu’il fit dans une certaine mesure, mais très insuffisamment. Au lieu de quoi, à l’automne 1932, le Politburo, l’élite dirigeante du Parti communiste soviétique, prit une série de décisions qui augmenta et aggrava la famine dans les campagnes ukrainiennes tout en empêchant les paysans de quitter la république pour trouver des vivres. Au plus fort de la crise, des brigades de policiers et de militants du Parti, motivés par la faim, la peur et une décennie de haine et de rhétorique du complot, firent irruption dans les foyers paysans pour s’emparer de tout ce qui était comestible : pommes de terre, betteraves, courges, haricots, pois, contenu des fours et des placards, animaux de ferme et de compagnie. Le bilan fut catastrophique : au moins 5 millions de personnes moururent de faim entre 1931 et 1934 dans toute l’Union soviétique. Parmi elles, plus de 3,9 millions d’Ukrainiens. Mesurant son ampleur, des publications d’émigrés contemporaines et postérieures qualifièrent la famine de 1932- 1933 d’Holodomor, appellation composée des mots ukrainiens holod – faim – et mor – extermination. ...
Gaidoz Henri - Etudes de mythologie gauloise
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