Auteur : De Mirabaud Jean-Baptiste
Ouvrage : Réflexions impartiales sur l'Evangile
Année : 1769
Lien de téléchargement : De_Mirabaud_Jean-Baptiste_-_Reflexions_impartiales_sur_l_Evangile.zip
Nous ne connaissons l’histoire de la vie de Jésus-Christ, que par les ouvrages que plusieurs de ses disciples publièrent quelques années après sa mort, le nombre des chrétiens s’étant assez multiplié pour que la plus grande partie d’entre eux n’eût jamais connu le chef de la religion qu’ils avaient embrassée. On vit paraître divers récits historiques contenant un abrégé des paroles et des actions du Sauveur. Ces petits écrits avaient pour titre Evangile ou Heureuse Nouvelle; c’est ainsi que les premiers chrétiens nommaient la doctrine que leur maître était venu annoncer aux hommes, et qu’ils continuèrent eux-mêmes d’annoncer après sa mort et de répandre partout. Il est certain que le nombre de ces histoires publiées peu après la mort de Jésus-Christ devait être grand. St. Jérôme, au temps de qui la plupart de ces ouvrages subsistaient encore nous en assure. Tous les Ecrivains des premiers siècles de l’Eglise en font foi, et St. Luc le marque si positivement à la tête de son Evangile que quand nous n’aurions sur cela d’autre témoignage que le sien, il ne nous serait pas permis d’en douter : puisque beaucoup de personnes ont entrepris d’ écrire l’histoire de ce qui s’est passé parmi nous, dit St. Luc, j’ai jugé à propos de faire la même chose après m’être fait instruire de tout avec soin, par ceux qui en ont été témoins oculaires. Sur quoi il est bon d’observer que ceux qui ne connaissent l’Evangile que par des traductions françaises ne sont pas ordinairenent frappés des témoignages positifs que St. Luc rend ici à la multiplicité des Evangélistes. Quan do quidem multi conati sunt ordinare narationem, quoe in nobis complete sunt, rerum : visum est mihi etc. Luc Cap. I, parce qu’il a plu aux traducteurs français de rendre le terme original πολλι par celui de plusieurs qui s’entend presque toujours en notre langue d’un assez petit nombre, au lieu que le Grec πολλι et le latin multi qui y répond étant opposé à παΰροι et pauci ne saurait avoir cette signification. Les traducteurs en ont apparemment usé ainsi, pour écarter de l’esprit des lecteurs une idée scandaleuse que cette multiplicité d’Evangiles aurait fait naître. La plupart de ces histoires évangéliques étaient attribuées à des personnes illustres dans le christianisme. C’était ou des apôtres ou des disciples distingués de Jésus-Christ qu’on assurait en être les auteurs, et dans l’enfance de l’Eglise les chrétiens à l’usage de qui elles étaient écrites ne doutaient pas qu’elles ne fussent véritablement de ceux dont elles portaient le nom. Outre les Evangiles de St. Mathieu, de St. Luc et de St. Jean, on en attribuait à St. Pierre, à St. Paul, à St. André, à St. Thomas, à St. Jacques, à St. Philippe, à St. Barthélémy, à St. Mathias; il y en avait un écrit sous le nom des douze apôtres : il y avait un Evangile selon les Hébreux ou les Nazaréens, un autre selon les Egyptiens; et quelques critiques prétendent que ces deux derniers sont les plus anciens de tous. Le christianisme fut en discorde avec lui-même dès le moment de sa naissance, et plusieurs de ses enfants indociles fabriquèrent divers Evangiles conformément à leur goût et à leurs préjugés. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
Auteur : Aubert Edouard Ouvrage : La vallée d'Aoste Année : 1860 Lien de téléchargement :...