Auteur : Khaldoun Ibn (Abou Zeid Abd ur-Rahman Bin Mohamad Bin Khaldoun al-Hadrami)
Ouvrage : Les Prolégomènes Tome 3
Année : 1863
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De la jurisprudence et de la science du partage des successions, qui en est le complément. La jurisprudence est la connaissance des jugements portés par Dieu à l’égard des diverses actions des êtres responsables. Ces jugements comportent l’idée d’obligation ou de prohibition, ou bien celle d’encouragement, ou de désapprobation, ou de permission. On les trouve dans le Livre (le Coran), dans la Sonna, et dans les indications fournies par le législateur (divin), pour les faire comprendre. On désigne par le terme jurisprudence les jugements (ou décisions) tirés de ces sources. Les premiers musulmans y puisèrent leurs maximes de droit, sans toutefois s’accorder dans leurs déductions. Cela fut, du reste, inévitable : la plupart des indications (d’après lesquelles ils se guidaient) avaient été énoncées verbalement et dans le langage des Arabes ; or les nombreuses significations offertes par chaque mot de cette langue (et surtout dans les textes sacrés), amenèrent, entre les premiers docteurs, la diversité d’opinions que tout le monde a remarquée. D’ailleurs, comme les traditions provenant du Prophète leur étaient arrivées par des voies plus ou moins sûres, et que les indications qu’elles renfermaient étaient souvent contradictoires, ils se virent obligés de constater la prépondérance (de celles qu’ils devaient adopter) ; ce fut encore là une source de dissentiments. Les indications données par le Prophète sans être énoncées oralement causèrent encore des divergences d’opinion. Ajoutons que les textes (sacrés) ne suffisaient pas toujours à la solution des nouveaux cas qui continuèrent à surgir ; aussi, quand il fallait résoudre une question à laquelle aucun texte de la loi ne pouvait s’appliquer, on se voyait obligé à la décider d’après un autre texte n’ayant qu’un semblant de rapport avec le cas dont il s’agissait. Toutes ces circonstances contribuèrent à produire une grande diversité d’opinions et durent nécessairement se présenter. De là résultèrent les contradictions qui existent entre les doctrines des premiers musulmans et celles des imams (grands docteurs) qui vinrent après eux. D’ailleurs les Compagnons n’étaient pas tous capables de résoudre une question de droit, et ne se chargeaient pas tous d’enseigner les principes de la loi religieuse. Ces devoirs appartenaient spécialement à ceux qui savaient par coeur le texte du Coran, qui en connaissaient les (versets) abrogeants, les (versets) abrogés, les passages dont le sens était obscur (motechabeh), ceux dont la signification était certaine (mohkam), et toutes les diverses indications fournies par ce livre, et qui, de plus, possédaient des renseignements qu’ils tenaient directement du Prophète ou de ceux d’entre leurs chefs qui les avaient recueillis de sa bouche. On désigna ces personnes par le nom de lecteurs, c’est-à-dire lecteurs du livre (saint), parce qu’à cette époque on voyait rarement chez les Arabes, peuple très ignorant, un homme capable de lire. Cet état de choses dura pendant les premiers temps de l’islamisme ; mais lorsque les villes fondées par les musulmans furent devenues très grandes et que l’ignorance des Arabes eut disparu par suite de leur application à l’étude du livre (saint), la pratique de la déduction analogique s’y établit d’une manière solide, et la jurisprudence, devenue maintenant plus complète, prit la forme d’un art (qu’on pratiquait), d’une science (qu’on enseignait). Dès lors on remplaça le titre de lecteur par celui de jurisconsulte (fakîh) ou par celui de savant (ulemâ). A partir de cette époque, la jurisprudence se partagea en deux voies (ou systèmes), dont l’une était celle des docteurs qui décidaient d’après leur propre jugement et au moyen de la déduction analogique. Ceux-ci habitaient l’Irac. La seconde voie était celle des traditionnistes, habitants du Hidjaz. Les docteurs de l’Irac, ne possédant que peu de traditions, ainsi que nous l’avons indiqué ailleurs, firent un grand usage de la déduction analogique et y devinrent très habiles ; aussi les nomma-t-on les gens de l’opinion. Le chef de cette école, l’imam qui l’avait fondée grâce à son influence personnelle et aux efforts de ses disciples, fut Abou Hanîfa. Les docteurs du Hidjaz eurent d’abord pour chef l’imam Malek Ibn Anès et ensuite l’imam Es-Chafêi. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
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