Auteur : Markale Jean
Ouvrage : Mélusine
Année : 1983
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Introduction. Les enchantements de Mélusine. S’il existe une mythologie française, ce qui est d’ailleurs loin d’être une certitude, deux personnages hauts en couleur en sont les incontestables vedettes : Gargantua et Mélusine. On ignore généralement que le premier n’est pas une création littéraire due à Rabelais mais une figure appartenant au fonds populaire, récupérée avec le succès que l’on sait par le curé de Meudon. Quant à la seconde, bien qu’elle ait été elle aussi révélée par deux auteurs littéraires du Moyen Âge, elle appartient de droit à une tradition mythologique passée au rang de légende locale. Car ce qui fait la spécificité du personnage de Mélusine, c’est sa localisation. Autant Gargantua est universel, autant Mélusine paraît limitée dans son rayon d’action, le Poitou, même si quelques épisodes secondaires de la légende se réfèrent au Forez, au Dauphiné et à un point très précis de la Bretagne, la presqu’île de Rhuys. Cela tient au fait que Mélusine est liée, de façon indissoluble, à une noble famille du Poitou, les Lusignan, dont elle est, s’il faut en croire les deux écrivains du XIVe siècle qui l’ont fait passer à la postérité, l’ancêtre féerique et mythique. Le procédé n’était pas nouveau. De nombreuses familles ont voulu se rattacher à un être surnaturel ou à une divinité, à la fois pour affirmer l’ancienneté de leur lignage et pour susciter autour d’elles une dévotion fort opportune. Des lettres de noblesse, tout le monde peut en avoir, ou s’en fabriquer, mais descendre d’une divinité ou d’un être féerique ajoute à la puissance temporelle un inappréciable élément de sacré. Ainsi, la famille de Godefroy de Bouillon prétendait-elle avoir pour ancêtre Lohengrin, fils de Perceval, roi du Graal. Ainsi les Plantagenêt avaient-ils répandu le bruit qu’ils descendaient d’une fée angevine. Ainsi la famille de Jules César et des premiers empereurs romains, la gens Iulia, affirmait-elle que son ancêtre était Énée, fondateur de la première Rome, et fils de la déesse Vénus. Mais la famille de Godefroy de Bouillon n’a inventé ni Lohengrin, l’homme-cygne, ni Perceval : ils existaient déjà dans la tradition. La gens Iulia n’a pas inventé Vénus, ni même Énée : il suffisait de remonter dans la mythologie grecque. De la même façon, les Lusignan n’ont pas inventé Mélusine : ils se sont contentés de s’accrocher au personnage, lequel, selon toute vraisemblance, devait porter un nom permettant cette appropriation. Car le nom de Mélusine et le nom de Lusignan ont des rapports évidents qu’il faudra étudier avec soin. Quant à savoir si Mélusine portait vraiment ce nom avant d’être liée aux Lusignan, c’est une autre affaire. En fait, les noms des personnages de la tradition populaire, colportée par la voie orale, sont soumis à évolution et à déformation, voire même au remplacement définitif. Ce n’est jamais qu’à partir du moment où la légende est récupérée par un écrivain que le nom du héros devient stable. Tristan s’est d’abord appelé Diarmaid avant de passer d’Irlande en Grande-Bretagne où il s’est fait en quelque sorte naturaliser. Yseult a d’abord été l’Irlandaise Grainné, et elle est toujours la Galloise Essyllt. Et qui pourrait dire les noms primitifs d’Arthur, de Lancelot du Lac et de Perceval ? ...
Gaidoz Henri - Etudes de mythologie gauloise
Auteur : Gaidoz Henri Ouvrage : Etudes de mythologie gauloise Année : 1886 Lien de téléchargement :...