Auteur : Mishima Yukio (Hiraoka Kimitake)
Ouvrage : Cinq Nô modernes Kindai nogaku-shu
Année : 1956-1960
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Avant-propos. Les Nô modernes de Mishima. Nombre de Français connaissent le Nô par ouï-dire ; d’autres pour en avoir lu ou feuilleté quelques-uns en traduction, ou même pour en avoir vu donner un au Japon ou par une troupe de passage. Bien des gens l’entrevoient surtout grâce au bel et fracassant essai de Claudel, qui tout à la fois simplifie et exagère : « Le drame grec, c’est quelque chose qui arrive ; le Nô, c’est quelqu’un qui arrive, » En quête de formule mémorable, on pourrait s’en tenir à celle-là. On pourrait aussi assurer que les Cinq Nô modernes de Mishima, comme toute oeuvre de poète authentique, peuvent et doivent être appréciés pour eux-mêmes, sans référence aux Nô d’un lointain passé. Ce serait pourtant se priver des harmoniques que le poète a su garder ou faire naître. Presque tous les peuples ont à leur acquis de grandes oeuvres littéraires. Le théâtre, fait lui-même de plusieurs formes d’art imbriquées, est une réussite plus rare qui dure souvent moins. Par deux fois, au cours des siècles, le Japon a tenu cette gageure de s’imposer à soi-même un grand style dramatique, ou plutôt deux, dont le plus ancien, le Nô, remonte à notre XIVe siècle ou à notre XVe siècle. Il est donc contemporain de nos Mystères, avec lesquels il n’a pas de rapports de forme, ou encore de nos Fioretti et de nos Légendes dorées, qui, eux, ne se sont jamais cristallisés en théâtre. Le Kabuki, plus jeune au moins de trois siècles, ne nous concerne pas ici, sauf pour s’émerveiller qu’un même peuple ait pu tirer de soi deux formes théâtrales aussi antithétiques, le Nô allusif, dévotionnel, symbolique, nostalgique, à la fois rigide et compliqué, le Kabuki luxueux, surabondant, regorgeant de réalisme mélodramatique, gorgé de maisons closes, de ventres ouverts et de têtes coupées. Art de foules, le Kabuki continue à bon droit à attirer les foules. Il doit à des générations d’acteurs étroitement groupés en « familles » dont d’aucunes sont illustres, d’avoir conservé à la fois sa fougue et son style unique au monde. Le Nô, après une période en chute libre, due à la gêne ou à l’indifférence des Japonais de l’époque Meiji à l’égard de leurs propres chefs-d’oeuvre, supposés inférieurs aux produits de l’Occident, a retrouvé son public d’amateurs éclairés, toujours prêts à discuter des mérites des différents « maîtres du Nô », grâce auxquels la tradition, et parfois la routine, des écoles rivales est venue jusqu’à nous, et qui n’oublient pas d’emporter au théâtre le libretto traduit en japonais moderne de la pièce qu’on va réciter ce soir-là, sans quoi l’original leur resterait aussi fermé qu’un texte de Chrétien de Troyes pour un auditeur français d’aujourd’hui. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
Auteur : Aubert Edouard Ouvrage : La vallée d'Aoste Année : 1860 Lien de téléchargement :...