Auteur : Markale Jean
Ouvrage : L'énigme des vampires
Année : 1991
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Terre des ombres. L’image est toute-puissante, et c’est une réalité depuis les époques les plus reculées de l’Histoire. Depuis les peintures des grottes du Paléolithique, l’être humain, animal pensant, à ce qu’on dit, n’a pas cessé de cristalliser les résultats de ses spéculations intellectuelles sur des formes concrètes, c’est-à-dire sur des « images ». Elles vont des bisons magdaléniens aux étranges « logos » de la civilisation industrielle. Elles sont tour à tour concrètes ou abstraites, mais toujours parlantes dans la mesure où elles évitent un long discours dans une langue qui pourrait être oubliée ou déformée. Ces images sont, quelles qu’en soient les interprétations, des constantes qui s’imposent à l’esprit et qui deviennent de ce fait de véritables structures mentales. Ainsi pourra-t-on affirmer que la notion de « vampire », pour la quasi-totalité de nos contemporains, s’est incarnée sous l’aspect de certains personnages qui, dans diverses productions cinématographiques, ont tenu le rôle d’un mort-vivant surgissant de sa tombe pendant la nuit pour s’abreuver du sang de victimes vivantes et innocentes. Ainsi survit le comte Dracula, le plus célèbre des vampires : il a la silhouette et le visage de Béla Lugosi, et surtout de Christopher Lee, sans oublier les traits cadavériques de Max Schreck, l’inoubliable interprète du comte Orlock, autrement dit Dracula, dans le célèbre Nosferatu le Vampire, de Friedrich Wilhelm Murnau, en 1922, le classique du genre, et en tout cas l’oeuvre cinématographique de référence. Cette image, qu’on le veuille ou non, a fini par s’identifier complètement au vampire – ou à l’idée qu’on s’en fait –, éliminant du même coup la représentation de la chauve-souris qui était, à l’origine, l’incarnation visible mais monstrueuse du vampire, et qui n’est plus qu’un accessoire, un complément d’ambiance, même si l’on prétend que le mort-vivant a le pouvoir d’apparaître, quand il le veut, sous cette forme de mammifère volant, être ambigu et nécessairement inquiétant, et de toute façon lié aux mystères et aux fantasmes de la nuit. Le comte Dracula, quel que soit son nom d’emprunt, est un aristocrate maudit, à la fois mort et non mort, bénéficiant du soutien des puissances infernales, qui sévit sur le monde à partir de sa tombe située dans les Carpates, et qui ne doit son étrange survie qu’au sang dont il se gorge après avoir fait, de ses canines acérées, deux blessures au cou de ses victimes, généralement de fort belles jeunes filles innocentes, lesquelles dépériront bientôt, mourront de faiblesse, et, après leur « mort », deviendront à leur tour des vampires assoiffés de sang humain. Tel est le schéma de toute histoire de vampire, surtout depuis que l’écrivain irlandais Bram Stoker, en 1897, a publié son célèbre et génial Dracula. ...
Gaidoz Henri - Etudes de mythologie gauloise
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