Auteur : Lasch Christopher
Ouvrage : La culture de masse en question
Année : 1982
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Tout homme de gauche serait probablement d'accord pour dire que des institutions politiques représentatives ne garantissent pas à elles seules un mode de vie démocratique. Par opposition à la conception minimaliste de la démocratie - qui cherche seulement à libérer la compétition industrielle des interférences de l'État, qui définit la démocratie par l'abolition des privilèges particuliers, et qui demande à ce que soient appliquées de façon impartiale les règles destinées à donner à tous des chances égales au départ dans la vie - , la gauche a toujours soutenu une vision plus large, qui ne touche pas seulement la démocratie politique, mais aussi la démocratie économique et la démocratisation de la culture. La critique de gauche de la libre entreprise commence par constater que l'existence de règles de compétition formelles ne donne nullement des chances égales à chacun. De fait, la facilité avec laquelle les avantages de classe se perpétuent dans un système de démocratie politique a parfois conduit certains radicaux à la croyance, d'ailleurs erronée, que la démocratie politique est un trompe-l'oeil et que les « libertés politiques bourgeoises » sont seulement un instrument de la domination de classe. Mais même ceux qui considèrent la liberté d'expression, le suffrage universel et des institutions représentatives comme des conditions absolument essentielles de la démocratie (et il serait réconfortant de penser qu'ils sont maintenant une majorité à gauche) admettront facilement que ces garanties politiques ne représentent rien d'autre qu'un début 1. A leur avis, la démocratie exige aussi, pour le moins, des syndicats puissants, un impôt proportionnel sur le revenu et des interventions du gouvernement pour encadrer l'activité industrielle. Beaucoup ajouteront même qu'elle exige aussi la socialisation des moyens de production. Il est bien clair toutefois que le socialisme lui-même n'est pas une garantie de la démocratie ; et c'est un fait que le caractère autoritaire des régimes socialistes existants a conduit la gauche, non seulement à réviser ses opinions sur la démocratie politique, mais aussi à penser de plus en plus fermement qu'une « révolution culturelle » pourrait bien représenter l'élément le plus important pour établir une société vraiment démocratique. Cette idée un peu abstraite signifie évidemment des choses différentes pour différentes personnes. En général, on veut dire par là que les vieilles habitudes de soumission à l'autorité tendent à réapparaître au sein même des mouvements dont les objectifs sont démocratiques, et qu'à moins que ces habitudes soient arrachées à la racine, les mouvements révolutionnaires continueront toujours à recréer les conditions qu'ils cherchent précisément à abolir. Les partisans d'une révolution culturelle mettent l'accent sur la réapparition des vieux schémas autoritaires en Union Soviétique et dans les autres régimes socialistes, ou encore sur la réapparition des tendances sexistes à l'intérieur de la Nouvelle gauche la plus « libérée ». Ils en concluent qu'aussi longtemps que ces schémas de domination n'auront pas été détruits, les mouvements démocratiques manqueront toujours leurs objectifs de départ. ...
Aubert Edouard - La vallée d'Aoste
Auteur : Aubert Edouard Ouvrage : La vallée d'Aoste Année : 1860 Lien de téléchargement :...